Les inscriptions aux prochains concours (interne et externe) d’ingénieur en chef territorial (catégorie A +) sont ouvertes. Les épreuves se dérouleront du 10 au 12 septembre 2019. Concours réformés en 2016, moins d’un candidat sur 4 a su franchir, en 2017, l’admissibilité (oral) et le taux de réussite frôlait les 17%. Le hasard n’a pas sa place ici. Point sur…
1. Avant de vous lancer dans votre préparation, renseignez vous auprès du CNFPT
Il existe deux concours d’accès au grade d’ingénieur en chef territorial : le concours externe sur titres avec épreuves et le concours interne (ouvert aux agents publics (FPT, FPE, FPH) et aux militaires en fonctions ou en détachement justifiant d’au moins sept ans de services publics effectifs le 1er janvier de l’année du concours). Tous sont organisés par le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) mais chacun se pense longtemps à l’avance. Comptez une bonne année de préparation.
Alors, comment anticiper et optimiser son temps ? Au préalable, en prenant connaissance des documents remis par le CNFPT au moment de l’inscription : règlement, conditions d’accès, calendrier, lieu, déroulement. En 2017, les candidats avaient le choix entre les centres d’écrits suivants : Paris, Bordeaux, Rennes, Strasbourg, Lyon, Fort-de-France et Saint-Denis-de-la Réunion et les épreuves orales se déroulaient à Paris. Autres indispensables à connaître : le programme (s’il existe) et la nature des épreuves.
Depuis 2016, la nature et le programme des épreuves des concours externe et interne ont été adaptés pour permettre aux collectivités de recruter de futurs cadres appelés à occuper des fonctions de direction générale de services (DGS).
Les épreuves des concours d’ingénieur en chef territorial « nouvelle formule » ressemblent beaucoup à celles d'administrateur territorial assurant équilibre entre d’une part, un niveau de savoirs et d'aptitude ; d’autre part, le développement des compétences professionnelles (rédaction, expression…).
Dans le détail, les concours externe et interne d’ingénieur en chef territorial comportent :
3 épreuves d’admissibilité :
- une note de synthèse et de propositions sur un sujet technique à choisir parmi cinq options (ingénierie environnementale ; constructions publiques, gestion immobilière, énergie ; aménagement des territoires, déplacements et urbanisme ; réseaux techniques urbains et infrastructures routières ; systèmes d’information et de communication) (durée : 5 heures ; coef. 5) ;
- une note de synthèse et de propositions portant sur une conduite de projet et soulevant un problème d’organisation ou de gestion rencontré par une collectivité territoriale (durée : 5 heures ; coef. 4) ;
- une composition portant sur une question de la société contemporaine (durée : 5 heures ; coef. 3).
3 épreuves d’admission :
- un entretien avec le jury, à partir du dossier fourni par le candidat permettant d’apprécier son parcours, ses réalisations, ses capacités d’analyses et de synthèse ainsi que sa motivation et sa capacité à exercer les missions et les fonctions dévolues aux ingénieurs en chef territoriaux (durée : 30 minutes, dont un exposé liminaire d’au plus 10 minutes ; coef. 5) ;
- une épreuve de mise en situation professionnelle collective (durée : 45 minutes dont 30 de mise en situation collective puis, individuellement, 15 minutes de compte-rendu et d’échanges avec le jury ; coef. 2) ;
- une épreuve orale (obligatoire en externe, facultative en interne) de langue vivante étrangère - lecture et traduction d’un texte suivies d’une conversation en : allemand, anglais, arabe moderne, espagnol ou italien (durée : 30 minutes avec préparation de même durée ; coef. 1).
En externe, il est demandé au candidat de formuler des propositions pour montrer sa capacité à aider les dirigeants locaux à prendre une décision sur un problème lié au sujet technique proposé ou sur un problème d’organisation ou de gestion rencontré par une collectivité territoriale. La dernière épreuve va être l’occasion pour les correcteurs de vérifier les connaissances et les capacités d’analyse du candidat, sa compréhension de son environnement social et contemporain, et donc là encore, sa capacité à « aider à la décision » en tant que futur cadre de direction.
En interne, le candidat doit - notamment - dans la 2nde épreuve, dégager des problèmes d’organisation ou de gestion avant d’en proposer la résolution tant aux plans opérationnel que stratégique. Les réponses doivent être précises, motivées, raisonnées et s’appuyer sur son expérience professionnelle.
2. Partez positif, comme un sportif de haut-niveau, préparez-vous un plan de charge personnalisé
Les épreuves (écrites) d'admissibilité visent à garantir un socle de connaissances dans les domaines à caractère scientifique et technique entrant dans les compétences d’une collectivité (commune, département, région) ou d’un établissement public territorial (syndicat mixte, communauté de communes, métropole, OPH,…). Les épreuves (orales) d’admission permettent d’évaluer au-delà des connaissances du candidat, sa compréhension des enjeux et mécanismes qui régissent l'action des collectivités locales.
Des épreuves qui peuvent prendre des allures de marathon, tant elles sont physiques et mentales. Abordez le concours dans un état d’esprit positif, et préparez un programme de révisions en visant haut.
Pour cela, il est indispensable de lire le dernier rapport du jury (source : CNFPT 2017). Cela permet de comprendre les exigences et les attentes des membres de jury, aussi bien pour les épreuves écrites ou orales. Cette lecture vous vous aidera à faire une autoévaluation, un point sur les connaissances nécessaires (acquises ou non), à savoir si des efforts de remise à niveau dans une ou plusieurs matière(s) sont à produire, etc.
Pour compléter, il est bon d’aller chercher sur Internet, les contenus détaillés des matières au programme, les annales et sujets donnés. A titre d’exemples, lors des derniers concours, les questions de la société contemporaine étaient les suivantes : « La participation du citoyen : frein ou moteur de l’action publique locale ? » ; « La sobriété dans l’action publique locale » (2017); « Liberté ou sécurité : faut-il choisir ? » (2018). Prenez aussi connaissance des ouvrages ou encore de la bibliographie, histoire d’acquérir ou de consolider, grâce à la lecture des ouvrages recommandés, une « culture maison » toujours très appréciée à l’écrit, comme à l’oral.
Enfin, ne pas compter ses heures à la bibliothèque pour réussir est une bonne chose, mais il est important de garder un rythme de vie sain. Savoir s’offrir des plages de détente, sortir, faire du sport, etc. sont des ingrédients utiles pour maintenir son équilibre et ne pas chuter avant la ligne d’arrivée.
Pour ne pas baisser les bras en cours de route, prenez le temps de noter vos motivations. Ce pense-bête relu les jours de « moins bien » vous aidera à persévérer.
3. Jouez l’atout d’une préparation suivie pour vous offrir toutes les chances de réussir
« L’épreuve de note ? Traiter un dossier de plus de 30 pages en 4 ou 5 heures ? Infaisable. » (…) « Les « faux externes » ? Ils ont plus de chance de réussir… ». En 2017, le jury notait effectivement, comme les années précédentes, un nombre important de candidats externes présents en collectivité, mais avant de se lamenter, il faut se convaincre qu’il ne s’agit pas de réaliser un devoir ou un oral parfait mais d’être le meilleur possible.
Soyez professionnel. Faire le lien avec le sujet à traiter, construire un plan adapté par exemple, sont des points de passage obligés. Ces exercices d’entraînement vous permettront de prendre confiance. Appropriez-vous les outils pédagogiques, la « méthode » de rédaction d’une note, les techniques de lecture active… Même si les débuts peuvent faire peur tant la logique intellectuelle peut paraître éloignée de ses habitudes, gardez le cap et rappelez-vous que les règles méthodologiques ont fait la preuve de leur efficacité par le passé.
Et si cela ne suffit pas, une préparation spécifique en recourant à un organisme de préparation peut avoir un impact positif. A la clé : une méthodologie, des cours, des devoirs avec des corrections personnalisées, des conseils, une écoute, un tutorat téléphonique...
4. A l’écrit, l’épreuve de rédaction d’une note à partir d’un dossier : être « opérationnel »
Le jour J des épreuves écrites et notamment celle de la rédaction de la note est arrivé. L’épreuve de la note est une épreuve professionnelle (ex. des sujets proposés en 2017 : « Élargissement du périmètre d’une communauté d’agglomération et élaboration d’un projet de territoire « intelligent et connecté » ; « Projet de direction relatif à la transformation numérique dans une communauté d’agglomération »).
Un ingénieur en chef est un haut fonctionnaire territorial qui doit savoir, notamment, se positionner en manageur de projets, avoir une approche politique et stratégique. Il est une aide à la décision des élus et autorités locales. Pour les propositions, celles-ci doivent, sur le fond, être argumentées et comporter des recommandations (avantages, inconvénients, conditions de réussite). Il vous faut envisager tous les aspects : juridiques, sociétaux, environnementaux, économiques, financiers, managériaux… y compris les principes déontologiques relatifs au service public (intérêt général) et la maîtrise des notions de planifications (maîtrise d’ouvrage, …).
5. A l’oral : Persuadez le jury que vous êtes un futur ingénieur territorial en chef motivé
Globalement, l’objectif poursuivi lors de l’oral d'admission est le même que vous passiez le concours interne ou externe : cerner votre motivation et apprécier votre aptitude à exercer les missions dévolues à un ingénieur en chef territorial. Comme l’indiquait le bilan du jury en 2017, devenir ingénieur en chef n’est pas une « récompense », ni la consécration d’un parcours professionnel, mais « la validation de la capacité à franchir un saut qualitatif pour occuper des fonctions intégrant la gestion de l’imprévu, la stratégie autant que les actions quotidiennes, la proposition d’une vision pour un territoire, l’expression de volonté et de persévérance, le dialogue de gestion et de prospective avec les élus ».
Le bon candidat à l’oral est donc celui qui arrive bien entraîné et démontre qu’il a les capacités et les compétences requises. Savoir argumenter, être réactif, avoir une bonne qualité d’écoute, savoir coopérer, analyser et faire preuve de distanciation sont des qualités à démontrer aux membres du jury lors de la mise en situation professionnelle collective.
Enfin, ultime conseil : être un bon élève devant un jury ne suffit pas. Même s’il n’y a pas de modèle idéal à prendre comme référence, lors de l’entretien, oubliez le sempiternel plan en trois parties où vous conclurez sur le « bonheur » que vous aurez à effectuer votre scolarité à l’INET. Les lauréats sont ceux qui auront su sortir de leur zone de confort, en mettant en avant leur motivation, des qualités personnelles fortes, qui auront fait preuve d’audace et d’innovation, de manière à garantir l’intérêt général et le succès des missions d’envergure sur les territoires qui leur seront confiées.