Comment réviser au dernier moment ?

À quelques jours du début des épreuves de votre concours, vous prenez conscience que vous avez pris du retard dans vos révisions. Rassurez-vous même le plus vaillant des candidats peut se voir rattraper par la réalité...Tout n’est pas perdu mais, il va falloir déployer un maximum d’efficacité : en faisant face à la situation, en l’acceptant et en adoptant un plan d’action bien calibré au temps qu’il vous reste. Explications en 5 étapes. 

Mais pourquoi réviser au dernier moment est (quand même) utile ? 

Théoriquement, pour bien apprendre et arriver paré le jour des épreuves d’un concours ou d’un examen professionnel (EP) de la fonction publique (État, territoriale ou hospitalière), il est préférable de s’y prendre à l’avance et d’espacer ses révisions sur plusieurs mois, quel que soit la catégorie (A, B, C), la filière (technique, administrative…) ou le corps ou cadre d’emplois (attaché, ingénieur…). Pourquoi ? Pour bien mémoriser et assimiler la technique de certaines épreuves (ex. rédaction d’une note de synthèse ou d’un rapport). Mais, même pour un candidat consciencieux, il est parfois difficile de gérer son temps de préparation pendant des semaines et des semaines ; la démotivation peut gagner, surtout les derniers jours et les aléas de la vie survenir (maladie, contretemps, etc.). 

Si vous êtes dans cette situation, inutile de vous mentir : vous n’aurez jamais le temps de tout apprendre ou reprendre dans le détail. Mais cela peut avoir du positif, vous allez pouvoir aller directement à l’essentiel pour assurer juste ce qu’il faut le jour des épreuves. Réussir votre concours est encore envisageable. 

C’est prouvé scientifiquement, en étant attentionné, concentré sur ce qui est important et engagé à ce que l’on fait, on obtient de bons résultats sans gaspiller d’énergie inutile. La loi de Pareto ou règle du 20/80 le confirme : 20 % de vos actions vont produire 80 % de vos résultats ; 20 % des causes sont à l’origine de 80 % des effets. 

Aussi pour relever avec brio le défi d’être prêt en quelques jours (et en bricolant aussi un peu, il faut le reconnaître), vous allez devoir respecter ces 5 étapes. 

ETAPE 1 : S’organiser pour respecter les piliers de l’apprentissage en se concentrant sur l’essentiel

Il est hors de question d’opter pour le plan « je dévore un maximum de connaissances en un minimum de temps », sous peine d’indigestion. Et puis, matériellement, de toute façon, la masse de connaissances (finances publiques, droit…) à ingurgiter est trop importante, nuits blanches incluses. 

Remettez-vous en tête la réponse à la question : « comment apprenons-nous ? ». La plus pertinente provient des découvertes en neurosciences exprimées par Stanislas Dehaene, psychologue cognitiviste et neuroscientifique, via les 4 piliers de l’apprentissage qui sont : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, la consolidation des acquis.

En résumé : Je suis concentré sur ce que je fais – Je m’exerce – Je profite de mes erreurs pour progresser – Je répète. Le tout saupoudré de bienveillance (source : « Les 4 piliers de l’apprentissage selon les neurosciences », Éducation nationale - Académie de Dijon, 2019).

Donc, sans prendre au pied de la lettre la loi de Pareto et la règle du 20/80, votre mission va être de l’appliquer à vos révisions en respectant les 4 piliers de l’apprentissage par la suite. 

A vous d’être astucieux et de trouver les 20 % du contenu du programme de connaissances de votre concours et de la méthodologie des épreuves qui seront à l’origine de 80 % de vos notes au concours.

En d’autres termes, posez-vous et prenez le temps de réfléchir afin de savoir quels sont les contenus incontournables et les exercices à faire ou refaire importants pour la réussite de vos épreuves :

• Faites l’inventaire des sujets qui font l’actualité dans vos domaines en balayant 2 ou 3 médias spécialisés (La gazette des communes, La lettre du cadre, pour les concours de rédacteur / rédacteur principal ou d’attaché territorial par exemple) ;
• Prioriser la méthodologie de l’épreuve de note de synthèse ou de cas pratique, les thèmes ou exercices-types qui tombent presque toujours en jetant un œil sur les annales pour les repérer, les concepts et idées clés des épreuves à gros coefficients. 

Ensuite, vous allez devoir être organisé et structurer vos révisions. 

ETAPE 2 : Structurer et planifier ses révisions avec un plan d’action visant l’efficacité

A ce stade, votre mental va surement vous mettre en mode « panique ». Et tant que vous ne le rassurerez pas, il va continuellement vous rappeler que vous avez eu des choses en retard à faire. Pour sortir de l’angoisse, il faut vous donner des directives et un plan d’actions clairs…dans une logique d’efficacité. 

Oui, mais comment faire ? Tout dépend de votre situation et notamment, du temps disponible. Est-ce que vous avez des congés ou non ? De combien de temps de sommeil avez-vous besoin ? Il faut aussi prendre en compte vos besoins élémentaires (repas, douche,…). Cela peut paraitre rebattu de l’évoquer, comme les nuits courtes sont à exclure, mais, pour être efficace, dormir correctement, manger sain, décompresser, faire des pauses et si vous êtes sportif, continuer à vous entrainer sont des éléments importants à respecter ici. 

Donc pour être factuel, s’il vous reste 15 jours pour étudier à plein régime, vous avez besoin de dormir (8h par jour), de manger (3h par jour) et aussi de vous détendre (5h par jour pour des pauses et un peu de sport). Il vous reste donc 8 heures par jour pour réviser intensément soit 120 heures pour 15 jours. Voilà qui est posé. 

Vous n’avez plus qu’à élaborer votre programme en fonction des épreuves techniques et théoriques. Sur les épreuves techniques, par exemple, concentrez-vous sur la méthodologie. Sur les épreuves théoriques, il faut limiter les dégâts, soyez incollable sur les généralités. Dans chaque dossier, faites le tri entre ce qui est essentiel et ce qui l’est moins. Peut-être que vous ne referez pas tous les exercices ou que vous écarterez des documents qui seront répétitifs.

Planifiez par écrit chaque journée qu’il reste avant le jour J. Les warnings pourront passer au vert et, vous serez plus serein pour vous mettre au travail. 

ETAPE 3 : Prendre un temps pour compléter ses notes et faire des cartes mentales 

Maintenant que vous avez votre programme, prenez un premier temps pour réunir et classer vos ressources de révisions (ex. notes, fiches, manuels annotés, surlignés,…) puis, entamez de manière classique, vos révisions par chapitre. 

Commencez par les chapitres et points prioritaires les premiers jours. En effet, votre énergie et votre motivation risquent de diminuer à l’approche des échéances donc autant investir dans le plus important au début. Alternez les programmes (droit, finances, urbanisme, méthodologie,…) de demi-journée en demi-journée pour ne pas saturer et laisser le temps à votre cerveau de digérer les informations. Vous mémoriserez mieux si vous gardez un temps le matin et un temps le soir pour réviser rapidement vos fiches de la veille et du jour.

Ensuite, autorisez-vous aussi, à travailler autrement. Par exemple, les matières, comme les finances publiques, le droit civil ou public, demandent des connaissances précises. Apprendre plusieurs fois la même information, de manière espacée et régulière dans le temps, permet de la consolider. 

Pour y arriver, vous pouvez par exemple, regarder une vidéo qui reprend ce que vous avez déjà révisé et vous faire une carte mentale (mind map) sur une feuille A4. Concept formalisé et utilisé par Tony Buzan, un psychologue anglais, la mindmapping ou carte heuristique est une technique de créativité qu’il a développée durant les années 1970. C’est un outil de prise de notes et de créativité qui libère l’esprit de l’enchaînement logique imposé par la liste. L’idée est d’utiliser l’hémisphère droit du cerveau plutôt intuitif en associant images, couleurs et dimensions au lieu de se focaliser sur l’hémisphère gauche, plutôt rationnel et logique, traitant le langage et les mots. Elle donne une vision d’ensemble d’un sujet et permet de noter les idées telles qu’elles se présentent sans les organiser au préalable. 

En pratique, pour construire votre carte mentale avec une feuille (A4 ou A3) et un crayon, il vous faut suivre les 4 étapes suivantes :

1. Définissez votre sujet puis nommez-le, placez-le au centre de votre page et écrivez-le (sous la forme d'un mot-clé ou d'une phrase courte) ou dessinez-le.

2. Créez des branches pour les idées principales, dans toutes les directions. Écrivez les mots-clés, ajoutez une couleur pour chaque branche, ainsi que des dessins, des symboles. Ajoutez les sous-branches pour les idées secondaires. Vous pouvez diviser les branches en sous-branches, pour détailler et préciser chaque idée.

3. Complétez avec des idées reliées aux sous-branches. Continuez à diviser les sous-branches, dans la limite de 3 à 4 sous-branches, pour que la carte heuristique reste lisible.

4. Enfin, créez des associations, des connexions.

L’utilisation de flèches, de couleurs ou de symboles est bienvenue. Vous pouvez dessiner ou écrire tout ce qui peut vous aider à la compréhension. 

Autres manières de consolider les connaissances : vous pouvez vous faire de tête un schéma de simplification d’un chapitre que vous avez révisé ; ou encore, expliquer à haute voix à une personne (réelle ou fictive) la partie du programme récemment revu. Le fait de travailler à voix haute est utile car s’entendre apporte un supplément à la mémoire et puis, parler de ce que l’on apprend à d’autres permet de faciliter davantage ses apprentissages.

ETAPE 4 : Savoir réviser activement et pourquoi pas avec un minuteur (pomodoro) 

Pour vous rappeler durablement de ce que vous apprenez jusqu’au jour du concours ou de l’EP, il va falloir faire des allers-retours entre votre mémoire « de travail » - qui stocke des informations pendant quelques secondes - et votre mémoire « à long terme » - qui stocke les informations sur une plus longue durée -. 

Deux outils pour cela : le rappel actif et la répétition à intervalles réguliers. Avec le premier outil, cachez vos notes régulièrement et notez sur une feuille blanche ce que vous avez retenu. Puis, consultez les pour voir ce que vous avez oublié, recachez les et notez ce que vous avez mémorisé sur la feuille. Recommencez l’exercice jusqu’à ce que vous ayez noté de mémoire toutes les notions importantes. Avec le second outil, comme 80 % de ce que nous avons appris dans les 48 heures est oublié, l’astuce pour mémoriser est de réviser vos fiches le soir-même, le lendemain matin et dans l’idéal, une semaine après.

Autre astuce, sur vos fiches et mind maps, associez des dessins, des images, des mots-clés personnalisés aux concepts à mémoriser. Peu importe la qualité des visuels et le sens des mots que vous choisirez. L’important est que ces indices vous parlent et aient un sens pour vous.  

Toujours pour gagner en efficacité, la méthode « pomodoro » peut vous être également d’un bon secours. Son créateur, un italien, Francesco Cirillo, a utilisé un minuteur de cuisine en forme de tomate (d’où son nom « pomodoro ») comme son minuteur/coach personnel. Sa méthode consiste à diviser le temps de travail et les tâches à accomplir en périodes de 25 minutes, encadrées de pauses régulières afin de faciliter la concentration et la productivité (Francesco Cirillo, The Pomodoro Technique : Do More and Have Fun with Time Management, 2013, 128 p). Cette méthode ne nécessite donc aucun matériel particulier, si ce n’est un minuteur de cuisine ou de smartphone. A vous de choisir, ce qui vous convient le mieux.

Le découpage se fait selon le principe suivant :

• 25 minutes de travail / 5 minutes de pause / 25 minutes de travail / 5 minutes de pause
• 25 minutes de travail / 5 minutes de pause / 25 minutes de travail / 5 minutes de pause
• 30 minutes de pause.

Une pause « pomodoro » qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Et bien, c’est se lever de sa chaise, s’étirer, faire quelques postures de yoga, de vélo d’appartement, des étirements, aller chercher un café… 

Avec cette méthode, vous vous concentrez plus sur la notion de temps que sur le travail à réaliser. Vous aurez ainsi le sentiment du devoir accompli (100 minutes). Pas de culpabilité mal placée quand vous irez boire un café/thé à la pause. Cela vous apportera également de la gratification, précieuse, quelques jours avant le début des épreuves. 

On parle alors d’un cycle de quatre « pomodoris ». Vous pouvez répéter autant de cycles comme celui-ci que nécessaire. En utilisant cette méthode, vous allez avoir deux temps : un temps de travail « intense », et un second temps d’assimilation de ce que vous venez de lire, de comprendre… Cela va vous aider à vous remotiver et être, au final, efficace pendant plusieurs heures. 

Enfin, cela vous permettra de dédramatiser sur le volume de tâches et de travail à faire. Cette technique des « petits pas », permet de voir régulièrement que vous avancez. Exit le sentiment de n’avoir rien fait des dernières journées. 

ETAPE 5 : Offrir des vrais temps de repos à votre corps

Quand il s’agit de réviser au dernier moment, c’est un véritable sprint imposé à votre corps et plus particulièrement, à votre cerveau. Pour accomplir une telle performance, vous devez prendre soin de vous. Ménagez-vous comme un sportif de haut niveau prendra soin de sa forme physique avant l’effort. Pour cela : 

• Comprenez que bien dormir (8 heures sont recommandées) est sacré. Les scientifiques ont démontré que le cerveau traite et structure l’information pendant la nuit. Durant le sommeil, des connexions neuronales se consolident, d’autres jugées inutiles sont effacées. Le cerveau va également faire le tri des données retenues ; 
• Dosez et prenez de vraies pauses. Pour digérer, reclasser et consolider l’information, votre cerveau a besoin de repos régulier dans la journée. C’est-à-dire des moments durant lesquels vos pensées peuvent vagabonder ; 
• Visualisez-vous avec le sentiment de soulagement qui va vous traverser une fois l’épreuve terminée, réussie, et avec la joie de lire votre nom sur la liste d’aptitude ! Cela aide. 

Vous voilà donc paré. Si vous suivez ces 5 étapes, il en ressortira forcément quelque chose le jour des épreuves. Alors, respirez profondément, agissez et ayez confiance dans le processus. 

Bonne fin de préparation avec Carrières Publiques !