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Concours de la fonction publique : Qui sont les jeunes qui y participent ? Quelles sont leurs motivations ?
janvier 2019
« Pourquoi les jeunes tentent (ou non) des concours de la fonction publique ? » Pour la première fois, dans l’édition 2018 du rapport annuel sur l’état des trois versants de la fonction publique, la Direction générale de l'administration de la fonction publique (DGAFP) répond à cette question. Une étude - entièrement centrée sur les jeunes candidats à la fonction publique et leurs motivations - indispensable à lire, pour qui se destine à devenir fonctionnaire en 2019.
Fonction publique : un secteur qui attire encore les jeunes ?
Comment attirer les jeunes talents ? Une question fondamentale pour les employeurs publics (maires, présidents de conseils départementaux, régionaux, d’établissements, responsables des ministères, des hôpitaux…) dans les trois versants de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière).
Si un jeune sur dix (10,5 %) - ayant terminé ses études en 2013 - a candidaté à « au moins » un concours de fonctionnaire : « pourquoi, à l’inverse, 90 % de ceux de la même génération n’ont-ils pas tenté de concours ? » : tel est le sujet de l’étude du Centre d’étude et de recherche sur les qualifications (Cereq) pour le compte de la DGAFP.
En interrogeant, en 2016, près de 19 500 jeunes sortis d’étude en 2013, le rapport révèle que l’ « absence d'intérêt pour le service public » (41 %) et le « désintérêt général pour la fonction publique » ont influencé fortement les non-candidats à un concours de la fonction publique. Cet état d'esprit relève d’ailleurs davantage des diplômés d’un BAC+5, de ceux qui sont originaires de région parisienne, ou encore de ceux dont l'un des deux parents est cadre ou indépendant. Le manque d'attractivité des salaires (pour 17 % des réponses) et la « mauvaise image » de la fonction publique expliquent également (12 % de réponses) les non-participations.
Enfin, le « déficit d'information » sur les concours de la fonction publique est une raison pour laquelle certains jeunes ont boudé ces derniers. C'est d’ailleurs davantage le cas pour les non-diplômés, les chômeurs et les jeunes en reprise d’études.
Quel est le profil type des jeunes qui ont envisagé de devenir fonctionnaires ?
Mais alors, qui sont ces jeunes aspirants fonctionnaires ? En résumé : des femmes, diplômées, originaires de villes-centres et d’aires urbaines de taille moyenne et d’outre-mer…
Selon l’étude, les jeunes femmes sont deux fois plus nombreuses que leurs homologues masculins à passer des concours. Plus précisément, elles sont 14 % de la génération 2013 à avoir présenté au moins un concours de la fonction publique au cours des trois années après leur sortie de formation initiale, contre 6,9 % des hommes de la même génération.
Par ailleurs, les jeunes les plus diplômés ont proportionnellement participé davantage que les autres aux concours. Quelques chiffres pour illustrer : tout versant confondu de la fonction publique, 19,8 % des détenteurs d’un diplôme de niveau BAC+5 ont présenté au moins un concours de la fonction publique, contre seulement 3 % des « non diplômés » et 4,4 % de ceux ayant en poche un diplôme niveau CAP-BEP. Par versant, les caractéristiques des candidats varient parfois fortement. Un exemple, du fait de l'importance (plus de 75 %) des emplois de catégorie C (fonctions d’exécution : agent technique, adjoint administratif) dans le total des emplois de la fonction publique territoriale (FPT) selon l’étude, la Territoriale regroupe davantage de candidats diplômés de niveau CAP-BEP (11 %) que pour l'ensemble du secteur public (5 %) et de niveau BAC+2 à BAC+4 (32 % contre 26 %).
Sans grande surprise en revanche, les formations littéraires, économiques et scientifiques ou dans les services prédisposent les jeunes à se présenter. Parmi eux, près d’un candidat sur quatre est spécialisé en sciences humaines et en droit. À l’inverse, les diplômés fraichement issus des métiers de la production et de l’industrie sont parmi les jeunes qui candidatent le moins.
Autre enseignement, côté territoire, les résidents d’un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) à la fin de leurs études ont, de même, été moins nombreux à être attirés par les concours du secteur public : 8,8 % ont présenté leur candidature, contre 10,8 % de ceux qui ne résidaient pas dans ce type de quartier.
Enfin, l’étude révèle que ceux dont les deux parents sont immigrés, ou bien seulement leur père, sont ceux qui se présentent le moins aux concours (participation inférieure de 3 points à la moyenne). C’est l’inverse qui s’observe pour ceux dont les parents sont les plus diplômés, notamment si le couple parental a au moins le niveau BAC+2 à BAC+4 (13,2 %) ou bien s’ils sont tous les deux cadres (15,2 %).
La fonction publique d’État toujours plus attractive que la FPT et la FPH
Les chiffres du Cereq indiquent également que la fonction publique d’État (FPE) draine le plus grand nombre de jeunes (6,5 %), surtout pour les postes d’enseignants (2,9 %). Les deux autres versants de la fonction publique suivent en proportions quasi-égales : 2,5 % pour la fonction publique hospitalière (FPH) et 2,2 % pour la fonction publique territoriale (FPT).
Si les candidats de la fonction publique hospitalière (FPH) sont les plus nombreux à présenter plusieurs fois des concours permettant d’intégrer un même corps (38 %), en particulier en catégorie C (47 %) et en catégorie A (39 % - fonctions de conception, de direction et d’encadrement supérieur - Ex. enseignant, attaché d'administration, ingénieur) ; plus de la moitié des candidats (56 %) et même trois quarts de ceux de la fonction publique territoriale (FPT), ne présentent qu’un seul concours. Et ils sont encore moins nombreux à candidater dans plusieurs versants. C’est le cas de 87 % d’entre eux contre 66 % dans la FPE et un peu plus de la moitié dans la FPH.
La DGAFP explique cela « par la relativement faible sélectivité des concours de catégorie C de la fonction publique territoriale (FPT) qui offrent le plus de postes dans ce versant ». La sélectivité est le rapport entre le nombre de candidats présents et le nombre de candidats admis à un concours. Or, entre 2011 et 2016, celle-ci oscille dans la FPT (hors Ville de Paris) entre 6 et 10 candidats à un concours de catégorie C présents pour un recruté alors que dans la fonction publique d’État (FPE), elle est comprise entre 15 et 23. Ainsi, précise l’étude, « les candidats ont davantage de chances d’être lauréats dans la FPT et donc de ne pas avoir à repasser un concours auquel ils échoueraient. » De plus, « le nombre de concours ouverts est plus important dans la FPE que dans la FPT ce qui peut expliquer que les candidats en présentent davantage ».
Servir le public et « être utile à la société » : une motivation pour les trois quarts des jeunes candidats
L’autre sujet de l’étude du Céreq vise à « connaître les motivations des aspirants fonctionnaires ». D’autres études ont déjà porté sur les motivations des candidats aux concours de la fonction publique (cf. rapport Meurs et Audier (RFAD, 2004/3, n°111). Celle de 2018 permet de faire ressortir les catégories suivantes :
- ceux qui ont une « vocation » pour le métier (51 %), soit par goût pour l’enseignement, soit encore, parce qu’ils travaillent déjà dans la fonction publique ;
- ceux qui marquent un « intérêt général » pour la fonction publique (37 %), souvent des candidats aux concours de catégorie B (fonctions d’encadrement intermédiaire et d’application - Ex. technicien territorial, contrôleur des travaux, rédacteur) et de catégorie C, d’un niveau BAC à BAC+4, qui sont devenus employés ou employés qualifiés ;
- enfin, les candidats aux concours par défaut (12 %), qui présentent plutôt des concours de catégorie C, sont moins diplômés, issus de familles précaires et occupent un contrat à durée déterminée (CDD).
Plus de neuf candidats sur dix ont mis en avant « l’intérêt du métier » comme première source de motivation. Les femmes s’attachent d’ailleurs plus que les hommes à l’intérêt du poste, en particulier les candidates de la FPT. Une motivation qui passe devant « l'intérêt pour le service public et l'action publique ». Quel que soit le versant, le fait d’être « utile à la société dans le cadre de son travail » est cependant, très souvent jugé « très important » par les candidats (38 %).
L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée avant la « sécurité de l’emploi »
Parmi les critères importants, se trouve aussi « l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée » que les jeunes se soient ou non déjà portés candidats à un concours de la fonction publique. C’est même, un aspect primordial pour les candidats aux concours d’enseignants puisque 65 % le jugent « très important » (contre 46 % de ceux qui ont présenté un autre concours de la FPE et 51 % de ceux qui n’en ont jamais passé).
Concernant la « sécurité de l’emploi », cette motivation arrive en 3ème position. Ce sont les candidats aux concours de la FPH qui y sont les plus sensibles (« très important » pour 50 % d’entre eux et peu ou pas du tout important pour 5,2 %), devant les autres aspirants à devenir fonctionnaire.
Dans des proportions similaires, les perspectives ultérieures (concours internes, mobilité géographique…) sont aussi mises en avant.
Enfin, ils sont relativement peu sensibles au niveau de rémunération, aux difficultés pour trouver un emploi dans le privé ou encore, la proximité résidentielle de l’emploi (3 %).
Un état d’esprit qui permet aux employeurs publics non pas de répondre à la question de l’attractivité de l’ensemble des emplois proposés par la fonction publique, puisque ceux offerts aux contractuels ne sont pas traités par l’analyse, mais qui offre un éclairage intéressant sur les leviers qui pourraient être actionnés par ces derniers.