Bachelier ou sur le point de l’être dans quelques semaines ? Intégrer la fonction publique après un baccalauréat général ou technologique peut s’avérer être une véritable opportunité de première embauche. A la clé : sécurité de l’emploi et de multiples offres à disposition. Mais comment s'y prendre ? Quel(s) concours tenter ?... Éléments de réponse.
La fonction publique, une grande diversité de métiers...
Chaque année, la fonction publique offre, via les concours, 5400 postes de catégorie B et 3200 postes de catégorie C.
Chaque année la fonction publique - ou plutôt les 3 fonctions publiques - attire bon nombre de candidats. Avec 5,417 millions d’agents, la fonction publique est le premier employeur de France (20 % de la population active en 2015). Et elle est aussi, pour les années à venir, le plus gros pourvoyeur d'emplois. Ainsi :
- la fonction publique d'Etat (FPE) emploie 2,4 millions de personnes dans les ministères, les préfectures et les établissements scolaires ;
- 1,9 million d'agents de la fonction publique territoriale (FPT) travaillent pour les régions, les départements, les communes et leurs établissements (ex. CCAS, établissements publics intercommunaux...) ;
- enfin, 1,1 million d'agents hospitaliers (FPH) permettent aux hôpitaux et leurs établissements de fonctionner.
Comme pour l'ensemble de la population active en France, la fonction publique est touchée par le « papy-boom », un phénomène qui devrait durer jusqu'en 2020. 40% des effectifs devraient être renouvelés dans les années à venir. Secrétaire, électricien, imprimeur, gardien de la paix, policier municipal, ou encore chargé de mission handicap et accessibilité, la fonction publique recèle de nombreux métiers demandant un niveau de qualification de niveau BAC ou inférieur mais tout aussi intéressants, exercés par des agents titulaires (fonctionnaires recrutés en principe par concours) et « non titulaires » (également appelés contractuels).
Même si pour les emplois de 1er niveau de qualification, il existe une procédure de recrutement « direct » en principe, pour rentrer dans la fonction publique, la voie royale - qui garantit l’égalité des chances - reste le concours. En 2014, ce sont plus de 32 600 postes qui ont été créés (24 000 de catégorie A, 5400 postes de catégorie B dont environ 1000 postes de gardiens de la paix et 3200 de catégorie C). Les opportunités de recrutement sont donc bien réelles.
Les métiers de la fonction publique sont regroupés au sein des « corps ou cadres d'emplois » prévus par le Statut général (sorte de Code du travail pour les fonctionnaires). Les corps ou cadres d'emplois regroupent des fonctionnaires soumis à un même ensemble de règles appelés : statuts particuliers. Ces derniers fixent les conditions de recrutement, de rémunération, de déroulement de carrière, etc. Ces corps et cadres d'emplois sont classés en 3 catégories hiérarchiques désignées en ordre décroissant par les lettres : A, B, C, et fonction du niveau de qualification et d'emploi :
- La catégorie A correspond à des fonctions de direction, d’encadrement et de conception et aux emplois de l’enseignement – de niveau BAC+3 – en général - ou plus (ex. le Doctorat est le niveau requis pour les postes de médecins, maîtres de conférences, etc.).
- La catégorie B correspond à des fonctions d'application, de rédaction requérant une technicité particulière. Accessible à partir du BAC, les agents de cette catégorie peuvent aussi encadrer des équipes, des ateliers, des services (encadrement intermédiaire).
- Enfin, la catégorie C correspond aux fonctions d’exécution. Elle est accessible sans condition de diplôme, exceptée pour certains métiers, nécessitant des qualifications (titulaires d’un diplôme de niveau V ou VI : BEP, CAP (certificat d’aptitude professionnelle) ou encore (ex-Brevet des collèges ou BEPC).
Concours...vous avez dit concours ?
Avant de se lancer, il est indispensable de vérifier que toutes les conditions d'accès à la fonction publique sont remplies.
Avec un niveau Bac, les candidats peuvent prétendre aux concours de catégorie B, voir C. et plus précisément, s'ils n'ont pas d'expérience professionnelle particulière dans le secteur public, aux concours « externes ».
Dans la fonction publique, il existe en effet, trois grands types de concours qui ne s’adressent pas nécessairement aux mêmes viviers de candidats :
- Les concours externes : ils s’adressent à tout candidat remplissant tout d'abord, en principe, les conditions de diplôme ou de niveau d'étude exigées par ledit concours. Certaines dérogations sont quand même ouvertes : aucune condition de diplôme n'est exigée par exemple, pour les pères et mères qui élèvent ou ont élevé au moins trois enfants, ainsi que pour les sportifs de haut niveau (sauf exception : professions médicales, infirmiers, assistants sociaux...). Ensuite, chaque candidat doit remplir les « conditions générales d’accès », c'est-à-dire notamment, être âgé de 16 ans au moins et posséder la nationalité française ou être ressortissant d’un État membre de l’Union Européenne ; mais aussi être en règle avec la législation sur le service national en France (notamment avoir participé à la journée de défense et de citoyenneté) ou dans le pays où il est ressortissant ; ne pas avoir fait l’objet de condamnations incompatibles avec l’exercice des fonctions envisagées, mentionnées au bulletin n°2 du casier judiciaire ; jouir de ses droits civiques (droit de vote, d’élection, d’éligibilité) ; et, remplir les conditions d’aptitude physique exigées dans l’exercice de ses fonctions.
- Les concours internes s’adressent à des candidats déjà fonctionnaires ou agents publics justifiant d’une expérience professionnelle ou d’une durée de services déterminée dans l’administration. Les conditions précises sont fixées par les statuts particuliers de chaque corps.
- Et les « troisièmes concours » sont accessibles aux candidats ayant acquis une expérience : soit dans l’exercice d’une activité professionnelle de droit privé (ex. salarié d’une entreprise publique ou privée, indépendant, agent avec un contrat n’ayant pas le statut d’agent public…), soit dans le cadre d’un mandat d’élu local ou bien au sein d’une activité associative (comme salarié ou responsable bénévole).
Concours de catégorie B et C : comment ça marche ?
La catégorie B représente 26 % du personnel de la fonction publique. Chaque fonction publique offre une variété de concours externes de catégorie B accessibles avec le BAC. Dans le domaine de la sécurité par exemple, les concours de gardien de la paix de la police nationale et de sous-officier de gendarmerie. Le premier est un agent civil, le second est un militaire. N’importe quel bachelier peut concourir sous peu qu’il soit… sportif ! D'autres exemples : pour la FPE, on trouve les concours de secrétaires administratifs de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur ; pour la FPH, les concours de secrétaires médicales, secrétaires administratifs d’administration hospitalière sont ouverts aux titulaires du bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) ou son équivalence ; enfin, la Territoriale ouvre de nombreux concours aux bacheliers également : techniciens territoriaux, rédacteurs territoriaux (permettant d’avoir des responsabilités de chargés de fonctions administratives, budgétaires et comptables, de rédaction d'actes juridiques...). Les épreuves du concours de rédacteur territorial portent au choix du candidat sur les finances publiques, le droit public, le droit civil, l'action sanitaire et sociale des collectivités. Les titulaires d’un Bac ES, S, STMG, ST2S ou d’un Bac Pro Comptabilité peuvent tenter leur chance. Un certain nombre de concours de catégorie B sont organisés au niveau déconcentré ; au lieu d’un seul concours, organisé au niveau national pour pourvoir des postes sur tout le territoire, plusieurs concours sont organisés, dans chaque région où les postes existent. Les candidats ont ainsi l’assurance d’être affectés, pour leur premier poste, dans la région où ils ont passé le concours.
Mais, il ne faut pas négliger les concours de catégorie C : agents des finances publiques, agents de constatation des douanes, surveillants de l’administration pénitentiaires, adjoints administratifs, adjoints techniques... Les concours de gardien de prison ou d'agent spécialisé de la police technique et scientifique sont ouverts aux titulaires du DNB et les chances sont réelles pour les candidats ayant de bonnes connaissances scolaires en sciences de la vie et de la terre, biologie, chimie et physique. De niveau de qualification inférieur, ils peuvent permettre une première insertion professionnelle. Un choix que font d'ailleurs chaque année, bon nombre de candidats. Pour preuve, à l'Etat, 68,1% des lauréats aux postes de catégorie C ont le BAC (chiffres 2013).
Côté épreuves :
On trouve par exemple 3 types d'exercice pour les concours administratifs de catégorie B.
- Le premier est axé sur la logique et la culture générale (de type QCM),
- le deuxième se base sur la compréhension et une rédaction de texte (résumé, analyse ou synthèse)
- et le dernier est un oral en présence d’un jury (sujet imposé).
S'agissant des épreuves des concours de catégorie C on trouve le même schéma avec des épreuves d’admissibilité comme :
- des tests destinés à évaluer les capacités du candidat en vocabulaire, orthographe, grammaire et mathématiques (problèmes, dictée...),
- la rédaction d’une note à partir d’un texte, une composition française sur un sujet d’actualité (test de connaissances générales)
- et des épreuves d’admission pratiques (mises en situation professionnelle), des questions à réponses courtes, ou des tableaux ou graphiques à constituer ou compléter, afin de vérifier les connaissances théoriques de base du candidat dans la spécialité au titre de laquelle il concourt...
Il est recommandé, avant de se lancer dans toute démarche, de contacter les services organisateurs pour connaître les modalités précises des concours.
Passer un concours de la fonction publique...ça se prépare !
Les administrations recherchent avant tout des candidats motivés et performants pour réaliser les missions de service public confiées.
Un concours de la fonction publique, ce n'est pas un examen où viser la moyenne est suffisant. Souvent éloignés des devoirs du lycée, aussi bien dans le fond que dans la forme, les concours doivent être préparés. Chaque année, nombre de candidats s'étonnent, à l'issue des épreuves, du niveau de difficulté, du format des exercices, de l'ambiance générale de la journée, etc. Certains concours mettent en compétition plusieurs milliers de candidats, uniquement pour sélectionner les meilleurs d'entre eux. Il faut donc s'y atteler sérieusement et... parfois longtemps à l’avance. Une bonne année scolaire sera nécessaire pour les concours de catégorie B et pas moins de deux à trois mois de travail seront utiles, pour réviser et se familiariser avec les types d’épreuves proposées dans les concours de catégorie C.
Pour mettre toutes ses chances de son côté, deux méthodologies s’offrent aux candidats :
- soit se préparer seul grâce aux annales et aux manuels de préparation,
- soit solliciter le soutien d'un organisme de préparation avec des entraînements à la maison ou une formation / un stage « présentiel(le) ». Dans ce dernier cas, des cours sont dispensés par des enseignants et des professionnels aux candidats qui sont regroupés en classe.
A chacun de choisir la méthodologie qui lui convient le mieux en fonction du concours préparé, des types de formations proposées à proximité, des moyens financiers ou encore de sa situation personnelle (étudiant, salarié ou chômeur). Mais les préparations « en présentiel » peuvent s'avérer d'une grande aide car elles permettent de découvrir les formats d'épreuves, avec les professeurs, de comprendre les attentes spécifiques des concours, d'être régulier et suivi tout au long de sa préparation. En revanche, en cas de « recalage » au concours l’année précédente, surtout si le candidat a été admissible (et a pu en conséquence passer les épreuves d'oral), un entraînement seul peut suffire puisqu'à priori le candidat a tous les éléments en main, pour se préparer à la maison. De même, pour un jeune Bachelier présentant un concours de catégorie C, se préparer chez soi n’exclura pas la réussite potentielle au concours, les programmes des épreuves étant suffisamment proches des programmes scolaires.
Ensuite ? Pas question d'improviser...
Organisation et rigueur sont les deux ingrédients clés de la recette du succès. Avant de se lancer, il est primordial de s'informer sur l'ensemble des éléments ayant trait aux concours (type d’exercices, durée des épreuves, coefficients, programmes à connaître...).
- Les sites dédiés à la préparation aux concours de la fonction publique (www.carrieres-publiques.com) ;
- et les sites des organismes organisateurs de concours (sites internet des centres de gestion départementaux (CDG) et interdépartementaux (CIG) : fncdg.com, fonction-publique.gouv.fr, cng.sante.fr...) fourmillent d'informations utiles à ce sujet.
Ces renseignements doivent permettre au futur postulant de cerner ses points forts et ceux à travailler, les matières à maîtriser, et de mesurer le travail à fournir avant le jour J.
Une fois le concours choisi, il s'agira de boucler un planning de révision, de trouver la dernière version des ouvrages d’entraînement dédiés aux épreuves à venir...
Et de se lancer avec régularité et implication, dans la préparation. En plus d'un travail hebdomadaire régulier (ex. lecture de la presse, rédaction de fiches de révision...), il est important :
- d'une part, de consacrer des moments dédiés à l’entraînement aux épreuves (pendant les vacances, les jours fériés ou chômés...) ;
- d'autre part, de se tester sur les annales des concours, si possible en conditions réelles. Un moment difficile mais qui vaut le coup d'être vécu à fond pour être satisfait du résultat !
Et après la réussite du concours ?... Stagiairisation et évolution
Admis ? Bravo !
- La réussite, dans la fonction publique d’Etat et hospitalière, entraîne une affectation de fait en fonction de son rang de classement. Le lauréat est nommé stagiaire pour une année rémunérée, rythmée d'apports théoriques (dans un centre de formation) et de formation pratique (sur le terrain). À l'issue du stage, il est titularisé. Commence alors, le déroulement de la carrière du fonctionnaire (avancement de grade, d'échelon...).
- Pour un concours de la Fonction publique territoriale, le lauréat est inscrit sur une liste d'aptitude établie à l’échelon national. Autrement dit, la réussite au concours n'offre pas la garantie d'un poste (sauf pour la ville de Paris qui offre un poste par candidat). Le lauréat doit ensuite trouver lui-même son affectation en répondant - CV et lettre de motivation à l'appui - aux offres d’emploi correspondantes à son cadre d’emploi auprès des collectivités territoriales. Une fois l'emploi obtenu, les lauréats deviennent stagiaires et suivent une formation alternant périodes de stages et phases de travail sur le poste.
Devenu fonctionnaire, l'ex-candidat bachelier, peut évoluer après quelques années d'ancienneté : c'est-à-dire changer de corps ou cadres d’emplois au sein même de la fonction publique d'origine, ou changer de fonction publique en passant un concours interne ou externe, ou encore un examen professionnel. Le site de la fonction publique a d'ailleurs publié en 2013, certains témoignages de fonctionnaires qui ont réussi sans bagage universitaire, comme celui de Nicole Larrue, secrétaire hospitalière dans le service d'hématologie adulte à l'hôpital Necker Enfants malades (http://www.fonction-publique.gouv.fr/temoignages-de-fonctionnaires ) : « Dès 19 ans, j’ai découvert un métier dans lequel les rapports entre humains constituent l’essentiel de toutes les tâches. L’aide soignante est (…) au service des autres, c’est pourquoi, cette relation d'aide à la personne avait pour moi un sens. Arrivée en 1989 à Paris, par mutation, à l'hôpital Cochin puis à l'hôpital Necker en 1992, je suis devenue secrétaire hospitalière dans un service d'hématologie adulte. (…) Aujourd'hui, en ces temps de crise, je réalise encore plus la valeur d'avoir un statut de fonctionnaire. Et, pour faire honneur à ce statut, je suis fière d’assumer les devoirs qui me sont confiés. »
Si auparavant, le défaut de savoirs « académiques » était, dans les faits, un obstacle pour obtenir de la promotion, avec la Loi de modernisation de l’administration du 2 février 2007 (qui pose les principes d’une plus grande professionnalisation des agents), deux outils sont venus offrir aux agents bacheliers de quoi booster leur carrière :
- l'épreuve de RAEP (Reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle) et la reconnaissance de l’expérience professionnelle (REP). Basée sur un dossier construit par le candidat, qu'il devra ensuite défendre à l'oral, l'épreuve vise à reconnaître les compétences acquises (par la formation ou la vie professionnelle) comme équivalentes.
- Le second outil permet quant à lui, de substituer une expérience au diplôme requis pour les concours de catégorie supérieure.
En conclusion, le diplôme du Baccalauréat assure des opportunités réelles d'entrée dans la fonction publique, certaines connaissances et compétences pour réussir un concours, mais il ne suffit pas forcément. Bien souvent une préparation complémentaire sera nécessaire pour maîtriser les différentes épreuves écrites et orales. Par la suite, ce sera l'expérience qui permettra aux plus motivés d'évoluer au sein de la fonction publique, et de construire un parcours professionnel personnel varié.