Effectuer un stage dans un des trois versants de la fonction publique[1] peut être un vrai plus : côté stagiaire, il permet de valider son projet professionnel, mais aussi d'augmenter ses chances de réussite aux concours et de trouver un premier emploi ; côté administration d'accueil, c'est l'occasion de mieux faire connaître le secteur public, de motiver de nouveaux talents, et de créer un vivier. Pour réussir ? Suivre les étapes-clé et les règles juridiques renforcées depuis 2006 dans ce domaine (extension de l'obligation de gratification...).
Stage dans la fonction publique, qui est concerné ?
Depuis 2006, les modalités d’accueil des étudiants en stage (gratification…) ont été harmonisées afin d’en assurer le bon déroulement.
Véritable tremplin professionnel, le stage permet de valider une formation ou d’accéder à un premier emploi. Le Conseil économique, social et environnemental a estimé le nombre de stages à 1,6 millions par an en 2012, contre 600 000 en 2006. L'Etat, les collectivités territoriales et les établissements hospitaliers accueillent depuis des années de nombreux étudiants stagiaires. Selon une enquête IPSOS réalisée en 2012, 73% des « 15-30 ans » se disaient attirés par la fonction publique[2]. Y faire un stage est donc un bon moyen de se confronter à la réalité. Il est apparu, ces dernières années, comme une condition sine qua non de professionnalisation d’une filière de l’enseignement supérieur.
Bon nombre de catégories de personnes peuvent faire un stage dans la fonction publique. Tout d'abord, les stagiaires de l’enseignement secondaire. Il s’agit des élèves de moins de 16 ans qui effectuent des visites d’information ou des stages d’initiation et d’application pour ceux d’entre eux qui ne suivent pas un enseignement alterné ou professionnel. Ensuite, on trouve les stagiaires hors cursus scolaire ou universitaire. Cela concerne essentiellement des personnes qui suivent des stages dans le cadre de la formation professionnelle continue. Il s'agit par exemple :
Une recherche ciblée pour de meilleurs résultats
Établir et signer une convention de stage tripartite
Une fois retenu par une administration intéressée, des obligations de fond et de forme s'imposent au stagiaire mais aussi à l'établissement et à l'organisme d'accueil. En effet, si le régime juridique renforcé, mis en place pour les stagiaires étudiants de l'enseignement supérieur, vise d'abord les entreprises, les employeurs publics ne sont (plus) pas épargnés. Auparavant, les administrations disposaient de larges latitudes, mais depuis 2006, et encore plus fortement depuis 2013, avec la loi du 22 juillet 2013 qui rénove la loi du 31 mars 2006 et la loi du 10 juillet 2014 qui la renforce, un changement radical est intervenu. Ainsi, la loi rappelle expressément aux administrations que le recours à un stagiaire pour remplacer un agent (absent ou suspendu), pour exécuter une tâche régulière correspondant à un emploi permanent[5], pour faire face à un accroissement temporaire d’activité ou pour occuper un emploi saisonnier est interdit. Ensuite, un délai, correspondant au 1/3 de la durée du stage précédent, doit être respecté entre 2 stages. Par exemple, après un stage de 6 mois, l'administration doit attendre 2 mois avant d'accueillir un nouveau stagiaire sur le même poste[6]. Par ailleurs, les stages[7] font obligatoirement l’objet d’une convention tripartite entre le stagiaire, l'administration d’accueil et l’établissement d’enseignement supérieur. La convention de stage détermine les droits et obligations des parties mais n’est pas assimilable à un contrat de travail.
- les dates de début et de fin de stage sachant que la durée du ou des stages effectués par un même stagiaire dans un même organisme d'accueil ne peut excéder six mois par année d'enseignement sauf dérogations[8] ;
- le régime de prestation sociale dont bénéficie le stagiaire, y compris la protection en cas d’accident de travail ainsi que, le cas échéant, l’obligation qui lui est faite de justifier d’une assurance couvrant sa responsabilité civile ;
Versement d'une gratification ? Obligatoire pour les stages d'au moins 2 mois
Une triple implication, clé de voûte d'un stage de qualité
De même, l'accompagnement par le tuteur aura du sens, s'il prend connaissance des objectifs de la formation, met à sa disposition les moyens matériels nécessaires à la bonne réalisation du stage (bureau, téléphone, accès informatique...), garantit l'accès aux informations nécessaires ainsi qu’aux locaux indispensables au bon déroulement du stage bien sûr, mais surtout, s'il sait favoriser l'intégration du stagiaire au sein du service, échanger avec lui, le guider, le conseiller... Faire des points réguliers au bout de deux ou trois semaines afin de faire un point d’étape est recommandé. Cela permettra éventuellement de recadrer le stage conformément au projet pédagogique, de répondre à certaines difficultés rencontrées. Enfin évaluer le stage et le stagiaire est également indispensable afin de faire de cette première immersion professionnelle un moment profitable pour l’étudiant.
Faire du stage un point d’accès à l’emploi public
La formation, la professionnalisation et l'accompagnement vers l'emploi des jeunes sont des enjeux forts pour l'ensemble des partenaires (écoles, étudiants, administrations). Le stage est un moyen pour les structures d'accueil, « d'attirer les talents de demain ». 16 % des recrutements dans la fonction publique sous statut de fonctionnaire[15] concernent des anciens stagiaires. Il ressort d'une des dernières enquêtes « Génération » du CEREQ[16] que 20 % des entrants sur le marché du travail avaient déjà travaillé, pendant leurs études, lors d'un stage, chez leur premier employeur. Et les jeunes, dont le dernier stage s’est déroulé durant leur formation dans le domaine de la santé et du social au niveau bac + 2, se distinguent tout particulièrement : plus d’un tiers d’entre eux (39 %) sont retournés travailler dans l’établissement d’accueil. Autres enjeux pour les employeurs publics : contribuer par des stages de qualité, à réduire le manque d’information et la distance dans la relation d’emploi entre les jeunes diplômés et leurs employeurs potentiels, valoriser la diversité et la richesse de leurs emplois, présenter les perspectives de carrière, les valeurs de service public et…promouvoir une fonction publique attractive.
Pour aller plus loin :- Loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances- Loi n° 2011-893 du 28 juillet 2011 pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels- Loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche- Loi n° 2014-788 du 10 juillet 2014 tendant au développement, à l’encadrement des stages et à l’amélioration du statut des stagiaires- Décret n° 2006-1093 du 29 août 2006 pris pour l’application de l’article 9 de la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances- Décret n° 2006-1627 du 18 décembre 2006 relatif à la protection contre les accidents du travail et les maladies professionnelles des stagiaires mentionnés aux a, b et f du 2° de l’article L. 412-8 et modifiant le Code de la Sécurité sociale (deuxième partie : décrets en Conseil d’État)- Décret n° 2009-885 du 21 juillet 2009 relatif aux modalités d’accueil des étudiants de l’enseignement supérieur en stage dans les administrations et établissements publics de l’État ne présentant pas un caractère industriel et commercial- Décret n° 2014-1420 du 27 novembre 2014 relatif à l'encadrement des périodes de formation en milieu professionnel et des stages- Arrêté du 29 décembre 2014 relatif aux conventions de stage dans l'enseignement supérieur- Note d'information du 1er décembre 2014 du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche relative à la réglementation sur les stages des étudiants- Circulaire DGESIP A1 n°2013-0803 du 25 octobre 2013 relative à la gratification des stages des étudiants dans les collectivités territoriales, les établissements publics de santé et les établissements publics du secteur médico-social- Instruction interministérielle N° DGCS/SD4A/DGESIP/2015/102 du 31 mars 2015 relative au nouveau cadre réglementaire de mise en oeuvre de l'alternance intégrative pour les formations diplômantes du travail social- Code de l’éducation (articles L. 612-8 à L. 612-14)- « La fonction publique comme mode de professionnalisation des jeunes : usages et conditions des stages étudiants », rapport du centre d’études et de recherche sur les qualifications (CEREQ), 2012
1 Etat, hospitalière (hôpitaux et leurs établissements) et territoriale (collectivités territoriales : régions, départements, communes et leurs établissements : établissements public de coopération intercommunale (EPCI : syndicats ; communautés de communes, d'agglomération, urbaines, métropoles))...2 Enquête IPSOS/Logica Business Consulting pour Emploipublic.fr et Le Monde, mars 2012, réalisée auprès de 601 personnes3 La couverture sociale du jeune est ainsi assurée.4 Source : www.biep.gouv.fr5 Les emplois permanents de l'administration sont ceux, normalement occupés par des fonctionnaires.6 Exception au délai de carence : cette obligation ne s'applique pas si le stage est interrompu à l'initiative du stagiaire.7 Article L. 124-1 al. 1er du Code de l'éducation8 Décret n° 2014-1420 du 27 novembre 2014 relatif à l’encadrement des périodes de formation en milieu professionnel et des stages et fixant la liste des formations concernées par la dérogation9 « Stages en collectivité : se repérer dans le maquis des règles applicables », la Gazette des communes, 5 mai 2014, p. 48-5010 Article L.612-11 du Code de l'éducation : 22 jours équivaut à un mois – et 1 jour : 7 heures de présence11 « Travail social : les étudiants courent désespérément après les stages », Isabelle Raynaud, La Gazette des communes, juin 201512 Instruction interministérielle N° DGCS/SD4A/DGESIP/ 2015/102 du 31 mars 2015 relative au nouveau cadre réglementaire de mise en oeuvre de l'alternance intégrative pour les formations diplômantes du travail social13 « Adoptée par le Sénat, la loi sur les stages inquiète les formateurs », Sophie Le Gall, La Gazette des communes, juin 201414 Source : https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F20559 - Article L124-6 du Code de l'éducation - juin 201515 Après recrutement – en principe par concours – l’agent est placé en période stage et à l’issue de ce dernier il devient « fonctionnaire » et il est « titularisé ». Celui qui n’est pas recruté par concours est appelé « non titulaire » (ex. contractuel).16 « La fonction publique comme mode de professionnalisation des jeunes : usages et conditions des stages étudiants », rapport du centre d’études et de recherche sur les qualifications (CEREQ), 2012
Sandrine BOTTEAU