S’il n’est pas évident d’impressionner les membres du jury lors des oraux, quels sont les faux-pas à déjouer absolument ? Qu’est-ce qui distingue un simple exposé, plat voir ennuyeux d’une présentation sincère, passionnante et efficace ? Pour réussir les épreuves orales des concours de la fonction publique (d’État, territoriale, hospitalière) découvrez les 5 pièges à éviter.
Mais avant de démarrer…Quels oraux trouve-t-on aux concours (et examens professionnels) de la fonction publique en 2024 – 2025 ?
En 2024-2025, 3 grandes formes d’épreuves d'oral d’admission sont présentes aux concours (externe, interne, 3e concours) et examens professionnels dans les 3 versants de la fonction publique : les épreuves orales générales avec support, les oraux techniques, et enfin, l’entretien avec le jury.
Si les libellés ou de nombre d’épreuves différent d’un concours (ou d’un examen) à l’autre, c’est parce-que le type de candidats admis à concourir varie. Certains doivent justifier d’une expérience acquise au sein (ex. examen professionnel) ou hors fonction publique (activité professionnelle, mandat électif, responsabilités associatives…).
En revanche, depuis les années 2000, toutes les épreuves orales sont professionnalisées. Mais aucune épreuve ne répond aux normes, ni aux usages des entretiens du secteur privé, destinés à vérifier que le profil du candidat correspond bien à un emploi défini.
A quoi devez-vous attendre lors de l’exposé oral d’un concours de la fonction publique ?
Les règles sont fixées par le texte qui crée le concours ou l’examen professionnel. Vous retrouvez ces règles dans les notes de cadrage.
Vous devez donc impérativement prendre connaissance du règlement et du libellé de l’épreuve orale sur les sites des organismes organisateurs des concours (CNFPT ou centres de gestion, pour les concours de la fonction publique territoriale ; CNG pour ceux de l’Hospitalière ; les IRA, les ministères enfin, pour les concours de la FPE).
Au cours de l’épreuve d’entretien avec le jury, vous aurez à répondre à des questions très variées. Les membres vont chercher à apprécier votre personnalité, votre motivation et votre parcours, pendant un laps de temps qui peut être variable : de 15 minutes pour certains concours de catégorie C (ex. adjoint administratif, ATSEM) à 45 minutes pour l’épreuve d’entretien du concours de l’INSP (anciennement l’ENA).
Gardez à l’esprit que le jour J, les membres du jury ont une commande : choisir définitivement parmi les candidats qui ont réussi aux écrits et qui sont admissibles, ceux qui correspondent le mieux aux attentes et aux besoins des employeurs publics (ministères, conseils régionaux, départementaux, mairies, hôpitaux,…). Le jury n’a donc pas le droit à l’erreur, en passant à côté du « bon candidat » ou pire en admettant un « mauvais candidat » (qui devra être subi et géré).
Écueil n° 1. Ne pas veiller à votre tenue
On vous appelle ? C’est à votre tour. L’épreuve démarre dès que vous entrez dans la pièce.
La première impression compte beaucoup. Ayez en tête que, le jury retiendra de votre prestation :
- à plus de 50%, vos/votre gestes/comportement/apparence ,
- à près de 40% le ton de votre voix,
- et le contenu mais… à moins de 10%.
Donc si vous ne soignez pas votre apparence vestimentaire, le jury en tiendra - consciemment ou inconsciemment - compte.
Il est important que vous portiez des vêtements dans lesquels vous vous sentez à l’aise. Tenez compte de votre style : sobre ou pas trop classique, costume/tailleur ou non, cravate ou non, percing et tatouage visibles ou non ? A vous de voir. Demandez-vous simplement si la tenue que vous envisagez de porter est cohérente avec l’image du grade visé.
Par exemple, si pour vous un ingénieur territorial se doit d’être souvent présent auprès de ses équipes sur site, vous pouvez tout à fait opter pour une tenue plus décontractée. En revanche, si vous pensez que votre poste vous amène à être majoritairement en contact avec des élus ou à animer des réunions publiques, un costume-cravate ou un tailleur semble plus adapté.
Trouvez un compromis, si besoin (ex. une chemise longue cachera vos tatouages, …). Mais prenez également garde à la transpiration. Le stress se traduit souvent par une montée de transpiration. Évitez à tout prix les tissus qui font des auréoles.
Écueil n° 2. Négliger votre posture
Généralement, avant le démarrage de l’épreuve, les membres du jury se présentent et déclinent très succinctement leurs fonctions (ex. maire-adjoint, directeur général des services techniques…). Ils peuvent aussi rappeler les modalités de déroulement de l’épreuve.
Ne pas sourire ou pire, ne pas saluer tous les membres du jury serait une maladresse.
Pendant l’épreuve, faites parler votre corps, mais ne lui faites pas dire n’importe quoi. Votre posture, votre comportement doivent délivrer le message que vous êtes une personne ouverte, équilibrée (utilisant bien l’espace, sachant regarder la personne qui vous parle…), à l’écoute, impliquée, responsable.
Pour bien vous préparer à entamer ces premières minutes (cruciales), des exercices très simples de respiration ou de sophrologie pourront vous aider à entrer concentré mais souriant.
Écueil n°3. Présenter un exposé individuel, manquant d’humilité
Lors de l’exposé à l’oral dans les concours de la fonction publique, vous allez devoir présenter votre parcours et vos motivations. Votre présentation doit bien sûr, être valorisante, elle doit souligner que vous avez fait preuve d’initiative et que votre parcours professionnel est la traduction de vos choix.
A vous de montrer que vous êtes la bonne personne, que vous avez la bonne compétence, que vous serez ou êtes déjà un bon collègue,…Le dénouement de l’exposé vous appartient totalement (Exemples d’expressions à utiliser : « J’ai eu l’opportunité de… » ou « C’était un défi intéressant à relever, par conséquent… »).
Si être timide serait un écueil, surjouer ou être hautain, le serait aussi. Si vous en faites trop, si lorsque vous vous présentez une fierté mal placée se fait ressentir, le jury ne vas pas juger votre réussite mais la manière dont vous la présenter. Par exemple, si vous indiquez de manière arrogante que vous souhaitez diriger car vous pensez réunir tous les savoirs ; que vous pensez ne pas avoir besoin de critiques extérieures… le jury ne va pas approuver.
A l’oral, il ne s’agit pas « seulement » de rappeler votre parcours, en vous contentant de rappeler vos titres, vos diplômes, mais de prouver comment vous en êtes arrivé à celui ou celle que vous êtes aujourd’hui : un aspirant à plus de responsabilités dans la fonction publique ou un aspirant à devenir un agent chargé des services publics.
Comment le prouver ? En étant le moins théorique possible (exit le CV déroulé comme une poésie) et en étant dans le concret. C’est-à-dire être moins dans le « moi, je »… qui ferait ressortir votre côté individuel, pour être dans le collectif, dans le travail en équipe.
Vous pouvez influer sur la suite de l’entretien en semant des petits « appâts », c’est-à-dire des expressions ou des notions que vous maîtrisez, afin que les membres aillent sur un terrain que vous connaissez et qui vous permet de vous valoriser. Le jury « mordra » peut-être à l’hameçon. Par exemple : dans votre exposé, vous parlerez de « management de projet » ou de « design de projet » afin d’emmener le jury sur votre sujet de prédilection. Mais il est important de trouver le bon équilibre entre se vendre et ne pas se survendre.
Ecueil n°4. Manquer de préparation et de structuration
Pour capter votre jury, votre discours doit être vivant. Vos phrases doivent être courtes, vous devez être capable de rebondir sur les mots... Aussi, si vous alliez dans un état d’esprit du minimum parce qu’ « il s’agit de mon parcours, je n’ai pas grand-chose à préparer, à réviser, à répéter, je me connais bien, deux-trois répétitions et un plan rapide, ce sera suffisant, c’est quand même plus facile que de retenir du droit civil ou des finances,… », vous prenez le risque de passer à côté de votre exposé. Ce dernier doit au contraire, être maitrisé et donc bien préparé.
Il ne faut pas perdre de vue que votre objectif est de démontrer que vous avez les compétences nécessaires à l’exercice des missions envisagées. Il faut trouver les bonnes nuances dans la formulation, l’intonation de voix, etc. C’est quand même 40% de ce que va retenir le jury.
Et prenez garde aussi au fait que le jury va avoir beaucoup de présentations. Un exposé bâclé ou « a minima », peut être perçu comme un manque de respect par rapport au temps que prennent les membres pour vous écouter.
Enfin, le jury attend toujours de vous, un exposé structuré par un plan annoncé et compréhensible, de façon thématique (plutôt que chronologique). Oubliez les plans rapidement faits quelques jours avant l’oral. Oubliez aussi les détails inutiles. Mettre du contexte est porteur, vous perdre dans la situation de départ (ex. rappeler tout l’organigramme d’une commune dans un projet ne concernant qu’un service ou refaire l’histoire d’une administration pour traiter d’un sujet d’actualité,…) nuit à votre oral. Pire vous risquez d’ennuyer le jury et de lui donner le sentiment qu’il perd son temps.
Au contraire, en vous forçant à respecter ce cadre, d’une part, le jury pourra apprécier davantage votre expérience car elle sera mieux mise en valeur ; d’autre part, vous démontrez votre capacité d’analyse et de synthèse.
Ecueil n° 5 : Rester fermé
Le rôle du jury n’est pas de vous piéger, mais de réussir à cerner le meilleur de vous-même, ce qui fera de vous la personne à recruter de toute urgence. Lors de l’exposé, le jury, pour faire son choix, va donc rester neutre et ne va pas vous donner de feed-back. Ne perdez pas pied, ne vous fermez pas et gardez votre ligne directrice. Vous avez bien préparé, structuré et répété votre exposé. Il est dynamique, authentique, tourné vers la sincérité et l’efficacité…Gardez confiance.
Le jury ne va pas vous applaudir, voire même, il peut ne jamais sourire ou vous donner des signes d’approbation. En revanche, vous allez comprendre si vous avez capté le jury dans ses questions. Comment cela se traduit-il ? Le jury va vous poser des questions relatives à votre formation, votre expérience, ou encore votre motivation.
Allez ne devenez pas fermé car vous avez mal interprété sa neutralité. Au contraire, restez professionnel, restez dans le cadre. Par vos réponses, les membres du jury doivent pouvoir se faire une idée précise de votre personnalité : quel type de fonctionnaire serez-vous ? Quel type de manager serez-vous ? Êtes-vous calme, curieux, moderne ? Êtes-vous quelqu’un qui peut facilement être déstabilisé… ?
Le jury pourra vous demander : « Vous avez une baguette magique, quelle politique mettriez-vous en place ? » ou « La femme d’un élu vous fait les yeux doux, comment réagissez-vous ? » ou « Êtes-vous sur TikTok ?...». Des questions simples en apparence mais en apparence seulement. Ce qui compte ici, ce n’est pas de donner des réponses standardisées qu’il suffirait d’apprendre par cœur, ou pire inventées, mais des réponses sincères.
Écoutez, entendez : ne dites pas « c’est une bonne question », mais plutôt « c’est une question difficile, délicate, actuelle, controversée… ». Ce qui compte, c’est de structurer, d’argumenter vos propos, et de prendre un recul critique. Quand l’échange fonctionne bien, les difficultés des questions vont croissant ou s’élargissent : c’est bon signe. Le jury cherche à savoir jusqu’où monter votre note.
En somme, les membres peuvent poser toute sorte de questions qu’ils estiment nécessaires pour juger vos compétences mais aussi de votre intelligence sociale.
Bonne préparation avec Carrières Publiques !