Pour devenir manager public, passer un concours (catégorie A ou B) reste encore la « voie royale ». Toutefois, quand on est demandeur d’emploi ou étudiant, aux fins de mois difficiles, le projet n’est pas toujours aisé. Saviez-vous qu’en 2019, l’État reconduit l’allocation pour la diversité ? Une aide financière d’un montant de 2000 € qui permet à 1475 candidats méritants de préparer leur(s) concours. Explications.
Passer un concours en 2019, d’une égalité de droit vers une égalité de fait
Le recrutement constitue une étape clé dans l'organisation de la fonction publique, qu'elle soit d'État, hospitalière ou territoriale. En application du principe d'égalité, la procédure doit se faire sur la base de l'appréciation « des vertus et des talents » (article 6 de la Déclaration des doits de l'homme et du citoyen de 1789). Autrement dit, en respectant l'interdiction de « toute » discrimination.
Le concours (externe, interne ou troisième voie) est la pratique la plus simple, la plus juste, et donc la moins critiquable, pour recruter. Un concours peut être organisé « sur titres » (examen des titres et diplômes) ou sur épreuves uniquement ou encore comporter, un mixte des deux. Pour pouvoir s’inscrire, généralement, les candidats doivent détenir un diplôme sanctionnant un niveau d’étude (BAC, licence, master) ou une formation spécialisée (BEP, CAP…).
En 2007, partant du constat que sur le terrain, l’égalité de droit pouvait être différente de l’égalité de fait, l’État a décidé de créer l’allocation pour la diversité afin d’attirer dans ses élites, les personnes « pourtant talentueuses, traditionnellement écartées ou de plus en plus éloignées de l'accès à la fonction publique ».
Offrir des conditions de préparation des concours favorables à des étudiants boursiers ou à des jeunes chômeurs
Si chaque année les concours de la fonction publique attirent près de 250 000 postulants aux concours (externes de la FPE – 2016), bon nombre d’entre eux sont contraints de travailler pour payer leur loyer, les factures, la nourriture, les livres, les transports, bref…, tous les besoins nécessaires à la vie courante d’un étudiant ou d’un jeune demandeur d’emploi.
Parce que la promotion de l'égalité des chances passe aussi par un volet financier, l’allocation d’un montant de 2 000 € a vocation à permettre à des candidats aux ressources modestes de préparer et passer les concours dans la fonction publique dans des conditions matérielles plus satisfaisantes.
Plus précisément, l’allocation cible (source : extraits de la circulaire du 20 juin 2019 ) :
- les étudiants intéressés par les carrières de la fonction publique, préparant un ou plusieurs concours, notamment ceux qui sont inscrits dans les instituts de préparation à l’administration générale (IPAG) et les centres de préparation à l’administration générale (CPAG) ou ceux qui s’engagent à suivre une préparation mise en place à cet effet par des écoles du service public ou des employeurs publics ;
- les personnes sans emploi préparant un ou plusieurs concours ;
- mais aussi les candidats se préparant seuls, sous réserve que ces derniers s'engagent dans un processus de « tutorat ».
Soutien pédagogique renforcé pour accompagner les candidats dans leur préparation
Si certains trouveront que cette aide est réservée à un trop petit nombre, que la part des allocataires « CPI » (jusqu’à 50%) est trop importante et les quotas par région discutables, ce financement a le mérite d’exister. Près de 10 000 d’entre eux en ont déjà profité. En 2019-2020, 1475 allocations seront réparties.
27 classes préparatoires intégrées (18 en catégorie A, 8 en catégorie B et 1 en catégorie A et B) permettront, à la rentrée 2019, à plus de 700 élèves, sélectionnés sur des critères socio-économiques et de mérite, de bénéficier d’une aide financière et de facilités de logement afin de préparer des concours externes ou, en fonction de leur expérience, les troisièmes concours mais aussi d’un soutien, via notamment, l’accompagnement d’un tuteur.
Bon nombre de préfectures ont d’ailleurs constitué et formé un « vivier » de tuteurs volontaires. L’accompagnement s’effectue par des élèves ou anciens élèves des écoles du Réseau des écoles de services publics (RESP) mais également par des fonctionnaires volontaires qui exercent des fonctions proches ou identiques à celles exercées par un agent du corps correspondant au concours préparé ou ayant récemment préparé des concours. Sur le plan formel, candidat et tuteur signent une charte qui oblige chacun.
3 critères d’attribution : revenus modestes, situation sociale…
Les allocataires sont sélectionnés sur la base de critères objectifs qui sont : les ressources du demandeur et sa situation sociale (ou celle de ses parents s’il en dépend encore) ; le mérite lié à son parcours antérieur ; sa motivation pour intégrer la fonction publique.
Chaque rubrique comptabilise un certain nombre de points et permet d'établir un classement.
Les revenus retenus pour le calcul du droit à l'allocation sont ceux perçus durant l’année précédente par rapport à l’année de dépôt de la demande. Pour la rentrée 2019/2020, le plafond de ressources annuel est de 33 100 € pour un candidat sans enfant à charge (0 point de charge), par exemple (cf. arrêté du 15 juillet 2019 fixant les plafonds de ressources relatifs aux bourses d'enseignement supérieur). Des points sont aussi attribués en fonction des difficultés d'origine matérielle, familiale ou sociale que le candidat a rencontrées (ex. pupille de la nation ou bénéficiaire d’une protection particulière, avec un ou plusieurs enfant(s) à charge, parent isolé…).
Mais aussi mérite lié au parcours antérieur et… motivation
S’agissant du mérite du candidat, entrent en considération : l’obtention d’une mention obtenue aux diplômes (ex. Brevet des collèges et BAC pour un candidat préparant des concours de catégorie B ; BTS ou DUT pour un préparant aux concours de catégorie A), l’absence de redoublement, une éventuelle scolarité dans un QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville) ou une ZRR (zone de revitalisation rurale).
Quant à sa motivation à intégrer la fonction publique, le candidat doit la mettre en avant à l’aide de sa lettre de motivation, de préférence manuscrite, d'une ou 2 pages et de son CV. Cet exercice d’écriture doit servir à expliquer son parcours scolaire (ex. aucun redoublement, réussite du Bac sans « oral de rattrapage », voire avec mention...), son assiduité en tant qu'élève, ses choix d'étude, sa situation sociale mais aussi, son projet professionnel.
Et après ? Passage en commission et versement... sous réserve d’assiduité
Une fois le dossier complet remis, à compter du mois d’octobre, une commission sélectionnera les bénéficiaires. En cas d’accord, une convention financière est signée entre le candidat et la préfecture. L'allocation est accordée, pour une durée d’un an (exceptionnellement renouvelable une fois), et versée en deux fois. Le premier versement - de 1 000 € - sera effectué avant la fin de l’année civile (vers décembre). Le second sera effectué après vérification, toujours par la préfecture, de l’assiduité de l'allocataire.
En cas de réussite à un concours, même en cours d’année, la totalité de l’allocation est versée. En revanche, tout allocataire qui se désiste ou renonce, doit rembourser le ou les versements dont il a pu bénéficier.
Dernière information utile : Cette année, les demandes se font en ligne, jusqu’au 15 septembre 2019 sur le site :
https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/allocations-diversite-2019.
Aucun dossier papier ne sera accepté.
Dispositif unique, l'allocation pour la diversité permet aussi de préparer non pas un mais deux ou trois concours… De quoi, se concentrer plus tranquillement sur ses études, et envisager un peu plus sereinement, ses futures fonctions.
Les autres aides financières possibles
Certaines collectivités et acteurs de l’insertion professionnelle ou de l’emploi, offrent depuis des années, des bourses aux candidats (Livre Blanc : 20 conseils pour réussir les concours de la fonction publique). Les régions, les départements ou les villes apportent souvent des aides financières aux étudiants issus de leur territoire.
Les formes des aides (bourses, prêts d’honneur, aides d’urgence…) et les modalités d’attribution sont très variables (sur critères sociaux, en fonction de la filière de formation, du niveau, du projet d’études – concours de la fonction publique envisagé…). Il convient de se renseigner directement auprès de chaque collectivité pour connaître précisément les calendriers et les démarches à respecter.