Il existe plusieurs centaines de concours différents pour intégrer la fonction publique, et plusieurs milliers de sessions sont organisées chaque année. Alors, concours de catégorie B ou A ? En externe ou en interne ? Après avoir postulé comme contractuel ?... Quelques éclairages pour savoir quelle stratégie adopter avant de se décider à préparer sa rentrée dans la fonction publique.
Les recrutements se font à tous les niveaux de qualification mais dans la réalité, les candidats sont souvent surdiplômés.
Passer un concours exige de la préparation, du temps et de l'énergie, il est donc important de prendre un moment de réflexion.
Forte mobilité géographique, niveau de rémunération…sont aussi des critères à intégrer avant de se décider à passer un concours.
Définir son projet professionnel dans la FP en fonction de ses goûts et aptitudes
Avec 5,4 millions d’agents , la fonction publique - ou plutôt les 3 fonctions publiques (Etat, hospitalière, territoriale) - est le premier employeur de France. Ainsi, la fonction publique d'Etat (FPE) emploie 2,4 millions de personnes dans les ministères, les préfectures et les établissements scolaires ; la fonction publique hospitalière (FPH), qui regroupe les hôpitaux et leurs établissements, voit son effectif s’élever à plus d'1,1 million et, enfin, dans la fonction publique territoriale (FPT) ce sont 1,9 million d'agents qui travaillent pour les régions, les départements, les communes ou leurs établissements (ex. CCAS, établissements publics intercommunaux...). La fonction publique est aussi le plus gros pourvoyeur d'emplois dans les années à venir, avec un panel de métiers très diversifié.
Secrétaire, gendarme, administrateur des systèmes informatiques, juriste… Les métiers de la FP sont, selon le Statut général , regroupés au sein des corps ou cadres d'emplois . Ces corps et cadres d'emplois sont classés en 3 catégories hiérarchiques désignées par les lettres A (fonctions de conception, de direction et d'encadrement), B (fonctions d'application et de rédaction), et C (fonctions d'exécution). Tous les niveaux de qualification sont représentés. La première question à se demander est donc : « quel métier je veux exercer, dans quelle filière (administrative, culturelle, sportive)...? ».
Un choix cornélien : Déterminer le type de concours à présenter
Ensuite, pour rentrer dans la fonction publique, il faut passer par la voie d’accès privilégiée : le concours (99,9% du recrutement dans la FPE en 2013 ). Les concours sont répartis en 3 catégories (A, B et C) qui correspondent aux 3 niveaux d’emploi et de qualification :
- BAC+3 – en général - pour les concours de la catégorie A, ou plus (ex. le Doctorat est le niveau requis pour les postes de médecins, maîtres de conférences, etc.) ;
- BAC (ou équivalent – en général) à BAC +3 (plus rare, comme par ex : diplôme d'Etat d'infirmier, d'assistant de service social, BTS pour les secrétaires administratifs de classe supérieure ou DUT...) pour la catégorie B,
- aucune condition de diplôme ou un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) ou encore DNB (ex-Brevet des collèges ou BEPC) pour la catégorie C.
Dans la réalité, attirés par la sécurité de l’emploi, animés par le sens du service public, ou motivés par une espérance de progression à moyen terme, les candidats ont généralement des diplômes supérieurs au niveau requis. Ainsi, dans la FPE, en 2013 : 87 % des personnes recrutées aux postes de catégorie A ont un niveau Master (BAC+5) ou un Doctorat ; 22,5% des lauréats aux postes de catégorie B ont BAC + 4 et plus et enfin, 68,1% des lauréats des concours de catégorie C ont BAC et plus ... Pour qui veut à tout prix entrer dans la fonction publique, faire le choix de passer un concours de la catégorie B - estimé plus facile que celui de la catégorie A – peut, en effet, paraître plus judicieux. Et après ? Tant pis s'il débouche sur un métier qui passionne peu ? Car, dans les faits, il faut être prêt à occuper le poste remporté au concours pendant plusieurs années. Le retour sur expérience montre que des jeunes recrutés avec un Master sur des concours de la catégorie C sont souvent « mal dans leurs fonctions » . Ils occupent des postes d'exécution (ex. agent comptable, agent d'accueil, instructeur), alors qu’ils ont un niveau d'études qui les poussent à vouloir prendre des responsabilités. Attention donc aux frustrations.
Toujours pour maximiser leurs chances de réussite, certains préfèrent se faire recruter en qualité de contractuel (ou « non titulaire » ) considérant qu’après quelques années d'expérience (souvent 3 ans), ils pourront, au choix, tenter un concours interne ou tenter le 3ème concours, où à priori la concurrence est plus faible. D'autres préfèrent au contraire, pendant ou juste après les études, se présenter aux concours externes prenant le pari de mieux réussir car les postes sont plus nombreux . D'autres, enfin, passent les deux concours (interne et externe). Explications.
Dans la fonction publique, il existe trois grands types de concours : externe, interne et « troisième concours ». Ils ne s’adressent pas nécessairement aux mêmes viviers de candidats. En effet, tout d’abord, les concours externes s’adressent à tout candidat remplissant les conditions de diplôme ou de niveau d'étude exigées par ledit concours et les conditions générales d’accès à la fonction publique. Il doit donc, notamment, être âgé de 16 ans au moins et posséder la nationalité française ou être ressortissant d’un État membre de l’Union Européenne ; être également en règle avec la législation sur le service national en France (notamment avoir participé à la journée de défense et de citoyenneté) ou dans le pays où il est ressortissant ; ne pas avoir fait l’objet de condamnations incompatibles avec l’exercice des fonctions envisagées, mentionnées au bulletin n°2 du casier judiciaire ; jouir de ses droits civiques (droit de vote, d’élection, d’éligibilité) ; et remplir les conditions d’aptitude physique exigées dans l’exercice de ses fonctions.
Puis les concours internes s’adressent à des candidats déjà fonctionnaires ou agents publics justifiant d’une expérience professionnelle ou d’une durée de services déterminée dans l’administration. Les conditions précises sont fixées par les statuts particuliers de chaque corps. En 2013, dans la FPE, 20 973 personnes et 22 425 dans la FPT ont été recrutées après avoir réussi un concours interne.
Enfin, les « troisièmes concours » sont accessibles aux candidats ayant acquis une expérience : soit dans l’exercice d’une activité professionnelle de droit privé (ex. salarié d’une entreprise publique ou privée, indépendant, agent avec un contrat n’ayant pas le statut d’agent public…), soit dans le cadre d’un mandat d’élu local ou bien au sein d’une activité associative (comme salarié ou responsable bénévole). Pour certains postes, le troisième concours n’est pas proposé (ex. CAPES dans l’Éducation nationale).
Suivre le nombre de candidats inscrits, ceux présents et le nombre de places offertes dans chacun des concours, peut aider à trouver des réponses même si, comparer uniquement les taux de réussite entre ces différentes voies peut s’avérer aléatoire, car bien souvent les candidats aux concours internes et au 3e concours sont proportionnellement mieux préparés que les autres.
Choisir son concours selon ses talents et son expérience professionnelle
Autre piste pour choisir : comparer le programme des concours, la nature des épreuves, les coefficients, ou encore la possibilité de passer un même concours à plusieurs endroits, voire même, de le repasser. En effet, même s'il existe des concours « sur titre » ou « sur titre et travaux », où la sélection est effectuée sur dossier, accompagnée parfois par une ou plusieurs épreuves (ex. concours d’accès aux corps des personnels médicaux, infirmiers, de rééducation...), la majorité des concours (sauf dans l'Hospitalière) sont organisés sous forme d’épreuves.
Un concours de la fonction publique se compose d’épreuves écrites et orales. Parmi les premières, pour ce qui concerne la filière administrative, on trouve : la dissertation juridique, la note de synthèse, le résumé de texte ou encore les réponses à des questions courtes et les questionnaires à choix multiples (QCM). Côté oral, sont légion, les épreuves de mise en situation professionnelle et d'entretien à partir d’un dossier. Les épreuves des concours ont été profondément remaniées depuis 2007 , dans le cadre de la modernisation de la fonction publique. Marquées par une plus grande professionnalisation, les épreuves sont maintenant élaborées de manière à assurer un équilibre entre un niveau de savoirs et d'aptitude, d’une part, et le développement des compétences professionnelles, d’autre part. Résultat : certaines des épreuves du concours externe et du « troisième concours » sont identiques (ex. c'est le cas des sujets proposés au concours externe et au 3e concours de professeur des écoles). Les différences se situent au niveau des coefficients plus ou moins importants des épreuves professionnalisées, les épreuves optionnelles proposées (ex. épreuves de langue) et dans les oraux d'admission. Ainsi, les épreuves d'admission doivent permettre aux jurys des concours externes, « en s’appuyant sur des questions d’ordre général à partir d’un thème d’actualité, d’apprécier les qualités de réflexion et les connaissances du candidat, ainsi que son aptitude et sa motivation à exercer l’emploi postulé » ; celles des concours internes et du 3e concours, de démontrer que le candidat a « réfléchi à l'apport que son expérience professionnelle constitue pour l'exercice de son futur métier et dans ses relations avec son administration, en intégrant et en valorisant les acquis de son expérience et de ses connaissances professionnelles dans ses réponses aux questions du jury ».
Pour choisir, plus le projet professionnel sera précis, plus il sera intéressant d'envisager par exemple, de passer plusieurs fois le même concours. Dans le cas contraire, il peut être opportun de passer des concours différents correspondant à son niveau d’études. Mais dans tous les cas, pour les réussir, les connaissances théoriques ne suffisent pas. Le candidat doit aussi avoir une méthode de travail efficace et savoir rédiger, s’exprimer. C'est un travail de longe haleine, qui demande de tenir la distance. Une préparation d'un an est souvent nécessaire (soit seul, soit par correspondance, soit auprès d'un organisme).
Enfin, le candidat a aussi, parfois, la possibilité de s'inscrire auprès de plusieurs établissements organisateurs d'un même concours (ex. centres de gestion départementaux ou interdépartementaux pour les concours de la FPT...) et pourra décider de se présenter dans un des établissements au dernier moment pour maximiser ses chances de réussite.
Il est important de se renseigner, auprès :
- des services concours des différents ministères ou leur représentation départementale : rectorat, direction régionale de l'agriculture, etc., et pour les carrières de la police nationale auprès du service de la formation et du recrutement de la délégation régionale au recrutement ou de la direction de l'administration de la police nationale, en ce qui concerne les concours de la FPE ;
- de la direction régionale ou départementale des affaires sanitaires et sociales pour les concours de la FPH. Les Centres hospitaliers universitaires et les Hospices civils régionaux peuvent aussi apporter de précieuses informations pour ce qui concernent les conditions et calendriers des concours sur titre ;
- du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et des délégations départementales du CNFPT (regroupées en centres régionaux et interrégionaux) mais aussi des Centres départementaux de gestion (CDG) pour les concours de la FPT. Pour les métiers des sapeurs-pompiers, il convient de contacter à la fois le CDG et le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de son lieu de résidence.
Tenir compte des contraintes : affectation, mobilité... en cas de réussite !
Et l'après concours ? Là encore, il est important de se renseigner avant de candidater à un concours. La réussite peut présenter certaines contraintes. Ainsi, pour la fonction publique d’Etat et hospitalière, le succès du concours entraîne une affectation de fait en fonction de son rang de classement. La position géographique du lieu d'affectation n'est donc pas toujours du ressort du lauréat. Le candidat qui refuse l'affectation qui lui est proposée, perd le bénéfice du concours auquel il s'est présenté. Ce dernier est nommé stagiaire pour une année rythmée d'apports théoriques (dans une école d'administration ou un centre de formation) et de formation pratique (sur le terrain), rémunérée. À l'issue du stage, il est titularisé .
Pour un concours de la Fonction publique territoriale, le lauréat est inscrit sur une liste d'aptitude établie à l’échelon national. Autrement dit, la réussite au concours n'offre pas la garantie d'un poste (sauf pour la ville de Paris qui offre un poste par candidat). Le lauréat doit ensuite trouver lui-même son affectation en répondant - CV et lettre de motivation à l'appui - aux offres d’emploi correspondantes à son cadre d’emploi auprès des collectivités territoriales. Et il a pour cela un an, renouvelable deux fois. Cela dit, pas de panique, plus de 90 % des candidats de la catégorie A trouvent un poste avant l’expiration de ce délai de deux ans. Une fois l'emploi obtenu, les lauréats deviennent stagiaires et suivent une formation alternant périodes de stages et phases de travail sur le poste. Les métiers de la catégorie C peuvent, sous conditions (à savoir cumulativement : être fonctionnaire titulaire avant la nomination, et, justifier de 2 ans au moins de services publics effectifs dans un emploi de même nature) donner lieu à une dispense de stage.
Par ailleurs, tout fonctionnaire a droit à un déroulement de carrière (titularisation, avancement de grade, d'échelon...). Mais si ces montées en grade s'accompagnent d'augmentations de rémunération, de postes plus valorisants, elles s’accompagnent aussi, et plus fortement dans la FPE, de changements d'affectations. Changer de service, déménager, être mobile est donc une réalité - plus ou moins prégnante selon les postes visés – à prendre en compte... Enfin, il est utile d’avoir en tête, que côté rémunération, contrairement à certaines idées reçues, les salaires sont globalement plus élevés dans les fonctions publiques d'Etat et hospitalière que dans le privé. En revanche, le salaire moyen d'un agent territorial se situe en-dessous de celui du privé (salaire net mensuel moyen en 2013 dans la FPT : 1 851 euros contre 2 202 euros dans le privé) .
En résumé, pour vous aider dans votre réflexion, il est important de vous poser certaines questions (« Quel métier de la fonction publique pour moi ? Qu’est-ce que je veux – et peux – faire dans la fonction publique, dans quelle filière... ? Concours en externe ou en interne ou encore en 3e voie après embauche en tant que contractuel ? Combien de places offertes et quel taux de réussite ? Quelles épreuves ? Quelles sont les conditions d'affectation les plus appropriées à mon parcours ? Quelle mobilité ?... »). Mais également, il est essentiel de consulter le rapport annuel de la DGAFP ou les Chiffres-clés de la fonction publique mais aussi de profiter de l’expérience de celles et ceux qui ont déjà passé (et réussi !) des concours dans les 3 versants de la fonction publique.
Pour aller plus loin :
- Rapport annuel 2014-2015 de la DGAFP ou les Chiffres-clés 2015 de la fonction publique
- Le site internet (Score) (www.fonction-publique.gouv.fr/score) pour les concours de la fonction publique d’Etat
- Le site internet de l’Ecole nationale d'administration (Ena) (www.ena.fr)
- Le site internet du CNFPT (www.cnfpt.fr) pour les concours de la fonction publique territoriale de catégorie A + et les sites internet des centres de gestion (CDG) départementaux et interdépartementaux pour les autres concours
- Le site internet de la fédération nationale des centres de gestion de la fonction publique territoriale (FNCGFPT) (http://concours.fncdg.com)
- Le site internet de la ville de Paris (www.paris.fr)
- Le site internet Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière (CNG) (www.cng.sante.fr) pour les concours de la FPH
- Le site internet de l'assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) (www.webconcours.aphp.fr)