Plus le niveau d’études requis pour les concours de la fonction publique est élevé, plus le concours est difficile, et inversement ? Dans les faits, pour choisir le concours en fonction de vos chances de réussite, ce paramètre et le niveau de diplôme est à prendre en compte… Mais pas seulement : vous aurez beau être un « crack » bien préparé, si un concours est très demandé et qu’il y a peu de places, vous aurez (forcément) moins d’occasions d’être sélectionné. Explications...
Concours sans diplôme… concours plus facile ?
La plupart des 5,451 millions de personnes travaillant dans un des trois versants de la fonction publique (État, territorial, hospitalier) ont le statut de fonctionnaire suite à la réussite d’un concours.
Parmi eux, 35 % relèvent de la catégorie hiérarchique A dont 2,2 % de la catégorie A+ (emplois d'encadrement supérieur, direction, conception), 20 % de la B (emplois d'encadrement intermédiaire, de réglementation et d'application, maîtrise d'ouvrage) et 45 % de la C (emplois d'exécution).
Pour se présenter à un concours et à ses épreuves, vous devez remplir les conditions générales d’accès à la fonction publique (nationalité, droits civiques, recensement militaire, aptitude physique, diplôme, etc.). Ensuite, les épreuves consistent en des écrits et/ou des oraux, s’il s’agit d’un « concours sur épreuve », ou, s’il s’agit d’un « concours sur titres », d’une sélection sur dossier par un jury qui examine alors vos diplômes et vos travaux.
Il existe trois types de concours.
Les concours externes, ouverts aux candidats possédant un niveau de diplôme déterminé :
- Catégorie A : niveau licence minimum (Bac + 3 ou plus) (ex. attaché territorial, magistrat, directeur d’hôpital, greffier en chef, inspecteur du Trésor public,…).
- Catégorie B : niveau Baccalauréat ou Bac + 2 (ex. secrétaires administratifs, techniciens, rédacteurs territoriaux, contrôleurs des impôts,…). Pour toutes les professions réglementées (filières médico-technique, médico-sociale, sociale) et la plupart des postes de la filière technique (catégorie A - ex. ingénieur territorial et catégorie B), un diplôme spécifique sera nécessaire.
- Catégorie C : niveau inférieur au BAC (BEP, CAP, BEPC) ou sans diplôme (ex. adjoint technique ou administratif, agent de constatation des douanes ou des impôts). Pour la plupart des postes de catégorie C des secteurs technique et sécurité, un diplôme général convient.
Le nombre de postes ouverts par concours est en augmentation : en 2016, 40 477 postes pour les concours externes sur épreuves et sur titres (soit +17,1 % par rapport à 2015).
Les concours internes sont ouverts aux fonctionnaires et aux agents publics justifiant d'une certaine durée de service dans la fonction publique. La plupart des concours internes sont accessibles sans conditions de diplôme, ni d'âge, mais il existe des concours pour lesquels un diplôme est nécessaire pour s'inscrire (concours internes de l'enseignement).
Enfin, pour certains cadres d'emplois (ex. administrateur, attaché de conservation du patrimoine, animateur, éducateur des activités physiques et sportives,…) un troisième concours est ouvert aux personnes justifiant d'une expérience en qualité d'élu, de responsable d'association ou d'activités professionnelles de droit privé, pendant une durée de 4 ans au moins. Les titulaires de contrats type « contrats aidés » peuvent avoir accès à ces troisièmes concours.
Les concours internes ont permis de recruter 17 965 personnes en 2015 dans la FPE, et 21 963 dans la FPT, contre 776 personnes par troisièmes concours.
Ces notions en tête, les questions fusent : « Ai-je plus de chances de réussir, si je passe le concours externe où les places sont plus nombreuses mais où je vais me heurter à un bataillon de jeunes étudiants et de « faux-externes » (ces candidats qui travaillent déjà dans la fonction publique - Ndlr) ? Dois-je tenter le 3e concours où la concurrence semble plus faible mais où les places sont plus limitées ? Ou alors passer les deux concours à la fois ? ».
Bien connaître le « taux de sélectivité » du concours visé
Un concours est dit sélectif lorsqu'il attire un grand nombre de candidats et que les lauréats sont très peu nombreux. Par exemple, une sélectivité égale à 20 signifie que, pour tel concours, 1 seul a été admis (lauréat) sur 20 candidats présents. Pour connaître le taux de sélectivité, plusieurs éléments entrent en compte.
Un des facteurs, et l'un des principaux, est le nombre de postes ouverts. Consultez le rapport sur les recrutements externes dans la fonction publique de l’État et la fonction publique territoriale (la dernière édition date de 2016). Vous pourrez ainsi connaitre le nombre de postes ouverts mais également, le nombre d'admis, de recrutés… de ce type de concours.
Autre facteur : le niveau des épreuves. Même si les concours de catégorie B sont réputés pour être plus « faciles » - notamment de part le niveau ou la nature des épreuves- que les concours de catégorie A, un concours d’adjoint du patrimoine territorial (catégorie C) accessible avec un BEP peut être beaucoup plus sélectif qu'un concours d'ingénieur (catégorie A) à Bac+5 au minimum ! Comme nous l’avons vu plus haut, les concours comprennent plusieurs épreuves d’admission, puis d’admissibilité, écrites et orales. Des épreuves professionnalisées qui demandent d’acquérir une méthodologie spécifique et… de la préparation. Rares sont les lauréats qui ont réussi sans entraînement sérieux.
Mais surtout, un concours va être sélectif en raison du niveau des candidats, largement supérieur à celui requis.
Sécurité de l’emploi, volonté de rentrer « à tout prix » dans la fonction publique, les plus diplômés peuvent choisir de candidater sur des emplois moins qualifiés que ceux auxquels ils pourraient prétendre habituellement pour améliorer leur chance de réussite. Et tant pis s'il débouche sur un métier qui passionne peu, l’espérance de progression en interne à moyen terme est là. Un cas de figure qui s’observe tout particulièrement pour les concours de catégorie B (41% des recrutés sont surdiplômés) et C (39%), selon le dernier rapport annuel de la DGAP).
Lauréat de concours de l’État, un sésame plus aisé à décrocher ?
Fonction publique d’Etat, hospitalière, territoriale, ville de Paris ? Choisir son concours en fonction du versant est aussi à étudier. Si la sélectivité des concours de la Ville de Paris s’accentue, la sélectivité des concours externe de l’ENA (catégorie A) en revanche se dégrade et celle des concours des IRA ne cesse de baisser depuis 2014.
D’une manière générale, le niveau des concours de l’État - avec 8 candidats présents pour un admis - régresse. La sélectivité de l’ensemble des recrutements externes de la FPE enregistre en 2016, son niveau le plus bas depuis le début des années 2000. Raison principale : le nombre de postes ouverts augmente davantage que le nombre de candidats présents. C’est notamment le cas dans certains corps de catégorie B comme les secrétaires administratifs de classe normale où la sélectivité passe de 25 à 14,5 (714 postes offerts en 2016 contre 410 en 2015 et un nombre de présents quasiment identique).
Mais les concours de la fonction publique territoriale (hors la Ville de Paris), demeurent les plus « faciles » à décrocher avec un taux de sélectivité à 5 candidats présents pour un admis en catégorie B et 6,5 en catégorie A.
Le lieu de concours peut aussi être un atout
Enfin, plus prosaïquement, la sélectivité varie aussi suivant… le lieu où est organisé le concours ! Les IRA de Lille et Nantes - avec un taux de 9 en interne - étaient moins sélectifs que Bastia, Metz et Lyon en 2017.
L’examen du taux de sélectivité fait, vous pouvez définir une stratégie de réussite au concours. Attention, toutefois, ce taux n’est qu’une tendance. Vous n'êtes jamais à l'abri d'une surprise, le concours de gardien de la paix (catégorie B), par exemple, était peu sélectif en 2015, contrairement à 2016, dont le nombre de postes offerts a augmenté fortement (+75 %) mais beaucoup moins que le nombre de candidats : +170 % !
Dernier conseil : Ne vous basez pas uniquement sur toutes ces statistiques pour choisir votre concours. Votre premier critère doit rester… votre projet professionnel !