Peut-on dire qu’avec la crise de l’attractivité, les concours de la fonction publique sont devenus plus faciles ? Que plus le niveau d’études requis est élevé, plus le concours est difficile, et inversement ? En pratique, ce n’est pas si évident. Vous aurez beau être bien préparé, voire un « virtuose des concours», si celui-ci est très demandé et qu’il y a peu de places, vous aurez forcément moins d’opportunités d’être sélectionné. Explications...
1. Concours sans diplôme… concours plus facile ? FAUX
Aujourd’hui, en France, 5,66 millions agents publics travaillent dans les trois versants (État, territoriale, hospitalière) de la fonction publique (source : Rapport annuel de la Fonction publique 2022). Le ministère de l’Éducation nationale est le premier recruteur de la fonction publique de l’État avec sept recrutements externes sur dix en 2021.
Pour se présenter à un concours et à ses épreuves, vous devez remplir les conditions générales d’accès à la fonction publique (nationalité, droits civiques, recensement militaire, aptitude physique, diplôme, etc.). Ensuite, les épreuves consistent en des écrits et/ou des oraux, s’il s’agit d’un « concours sur épreuve », ou, s’il s’agit d’un « concours sur titres », d’une sélection sur dossier par un jury qui examine alors vos diplômes et vos travaux.
Il existe trois types de concours.
Les concours externes, ouverts aux candidats possédant un niveau de diplôme déterminé :
- Catégorie A : niveau licence minimum (Bac + 3 ou plus) (ex. attaché territorial, magistrat, directeur d’hôpital, greffier en chef, inspecteur du Trésor public,…).
- Catégorie B : niveau Baccalauréat ou Bac + 2 (ex. secrétaires administratifs, techniciens, rédacteurs territoriaux, contrôleurs des impôts,…). Pour toutes les professions réglementées (filières médico-technique, médico-sociale, sociale) et la plupart des postes de la filière technique (catégorie A - ex. ingénieur territorial et catégorie B), un diplôme spécifique sera nécessaire.
- Catégorie C : niveau inférieur au BAC (BEP, CAP, BEPC) ou sans diplôme (ex. adjoint technique ou administratif, agent de constatation des douanes ou des impôts). Pour la plupart des postes de catégorie C des secteurs technique et sécurité, un diplôme général convient.
Actuellement, le nombre de postes ouverts par concours est en augmentation – avec en tête les concours externes : En 2021, dans la FPE, 39 900 postes ont été ouverts aux recrutements externes. Et côté candidats, après une baisse liée en partie à la pandémie et à la partie d’attractivité des métiers de la fonction publique, la tendance est à la hausse avec 473 000 inscriptions (+ 8,2% par rapport à 2020). Le nombre de présents aux épreuves (227 000) augmente aussi mais de façon plus modérée (+ 1,5% par rapport à 2020). Des chiffres qui restent à un niveau « historiquement faible »…Ils étaient 650.000 postulants en 1997 (Source : « Moins de recrutés que de postes offerts dans la fonction publique de l’État (FPE) en 2021 », DGAFP, mai 2023).
Les concours internes sont ouverts aux fonctionnaires et aux agents publics justifiant d'une certaine durée de service dans la fonction publique. La plupart des concours internes sont accessibles sans conditions de diplôme, ni d'âge, mais il existe des concours pour lesquels un diplôme est nécessaire pour s'inscrire (concours internes de l'enseignement).
Enfin, pour certains cadres d'emplois (ex. administrateur, attaché de conservation du patrimoine, animateur, éducateur des activités physiques et sportives,…) un troisième concours est ouvert aux personnes justifiant d'une expérience en qualité d'élu, de responsable d'association ou d'activités professionnelles de droit privé, pendant une durée de 4 ans au moins. Les titulaires de contrats type « contrats aidés » peuvent avoir accès à ces troisièmes concours.
Actuellement, avec un taux de sélectivité de 5,1 pour 1 admis pour les concours de catégorie A, par rapport aux concours de catégories B (taux de sélectivité de 5,8) et C (taux de sélectivité de 10,5), statistiquement, il serait plus « facile » de réussir un concours de catégorie A que C.
Une tendance qui se confirme année après année. En effet, sur la période 2010-2020, le taux de sélectivité des concours où le niveau de diplôme exigé est le plus élevé, ne cesse de chuter. Si en 2021, comme indiqué plus haut, 5,1 candidats ont réussi le concours pour une place ouverte en catégorie A, en 2010, la sélectivité était de 8,9.
Ces chiffres en tête, les questions fusent : « Ai-je plus de chances de réussir, si je passe le concours externe où les places sont plus nombreuses ? Comment rivaliser avec le bataillon de jeunes étudiants et de « faux-externes » (ces candidats qui travaillent déjà dans la fonction publique - Ndlr) ? Dois-je tenter le 3e concours où la concurrence semble plus faible ? Les places ne sont-elles pas trop limitées ? Est-il possible de passer plusieurs concours (externe, 3e voie) à la fois ? ».
2. Mais au fait, qu’est-ce que le taux de sélectivité ?
Avant de répondre à ces questions, revenons sur le taux de sélectivité. Ce dernier mesure tout d’abord, le degré d'exigence du concours. Ce taux s'obtient en divisant le nombre de candidats présents à la première épreuve par le nombre de lauréats. Le concours est dit sélectif lorsqu'il attire un grand nombre de candidats et que les lauréats sont très peu nombreux. Par exemple, une sélectivité égale à 20 signifie que, pour tel concours, 1 seul a été admis (lauréat) sur 20 candidats présents.
Ce taux traduit également l’attractivité d’un concours. S’il est élevé, il signifie que beaucoup de candidats se sont présentés pour un même poste. À l'inverse, un faible taux de sélectivité traduit un problème d'attractivité. Une explication à considérer toutefois avec prudence. La hausse de l’offre de postes peut par exemple, expliquer la baisse du taux de sélectivité. De même, l’évolution du chômage a un impact sur la sélectivité plus ou moins fort (par exemple pour les concours de catégories B et C).
Le phénomène actuel de chute de la sélectivité s’agissant des concours de la FPE, se retrouve dans la FPT, où le nombre de candidats présents aux concours organisés par les centres de gestion a chuté de près de 33% entre 2014 et 2017, passant de 124 276 à 83 529 personnes selon le rapport du Sénat sur le projet de loi de finances 2020 pour la fonction publique. Les élus de la Chambre Haute rappelaient que 49 600 candidats se sont présentés en 2019 aux concours organisés par les centres de gestion, la ville de Paris et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), pour 10 200 places offertes. Seuls 9 420 candidats ont été admis. Une sélectivité de ces concours (5,8 candidats pour un lauréat, hors concours de la ville de Paris) qui baisse depuis la première moitié de la décennie.
Dans la fonction publique hospitalière, toujours selon le rapport du Sénat, le concours d'attaché d'administration hospitalière illustre les difficultés rencontrées par les hôpitaux : le nombre de candidats présents a chuté de 18% entre 2014 et 2017, alors que le nombre de postes à pourvoir augmentait (source : Vie Publique, « Fonction publique : les difficultés de recrutement par concours », février 2023).
L’examen du taux de sélectivité fait, vous pouvez définir une stratégie de réussite au concours. Attention, toutefois, ce taux n’est qu’une tendance. Vous n'êtes jamais à l'abri d'une surprise, le concours de gardien de la paix (catégorie B), par exemple, était peu sélectif en 2015, contrairement à 2016, dont le nombre de postes offerts a augmenté fortement (+75 %) mais beaucoup moins que le nombre de candidats : +170 % !
3. Alors, comment savoir si un concours est plus ou moins difficile ?
Pour estimer si un concours est plus ou moins accessible, en plus du taux de sélectivité, trois indicateurs importants sont à prendre en compte :
- Le nombre de postes ouverts : pour connaître le nombre de postes ouverts concernant les concours externes de la FPE et de la FPT, vous pouvez lire le rapport annuel de la fonction publique, celui du CNFPT ou encore, vous rendre sur le site concours territorial. Vous pourrez ainsi connaitre le nombre de postes ouverts mais également, le nombre d'admis et de recrutés de ce type de concours.
S’agissant de la Territoriale, à la rentrée 2023, 18 688 postes sont ouverts sur concours : 3267 en catégorie A ; 8313 en catégorie B, 7108 en catégorie C.
- Le niveau et le parcours des candidats : Un concours va être sélectif en raison du niveau des candidats, largement supérieur à celui requis. Rentrer dans la fonction publique par n’importe quel moyen, pour la « sécurité de l’emploi », ou encore, rester dans son département de naissance, notamment si celui-ci est méditerranéen et ultra-marin… Les candidats les plus diplômés peuvent faire le choix de se tourner vers des postes avec un niveau de qualification inférieur, plutôt que d’opter pour des postes auxquels ils pourraient habituellement prétendre, afin d’optimiser leur chance de réussite. D’autant plus qu’à moyen terme, la progression en interne est là.
Une pratique qui se vérifie sur le terrain : s’agissant des concours de catégorie C par exemple, comme mentionné plus haut, ces derniers nécessitent que les candidats soient titulaires d’un diplôme (BEP, CAP) ou du niveau du diplôme national du brevet, tandis que, pour certains concours, aucun diplôme n’est exigé. Mais dans les faits, sept lauréats sur dix détiennent le Bac ou un diplôme supérieur au Bac. Pour les concours de catégorie A, au moment de son inscription, un candidat aux concours sur deux est titulaire d’un diplôme de niveau Bac+5 ou plus (rapport annuel de la FP, édition 2022).
Par ailleurs, en 2021, trois recrutés par voie externe sur dix travaillaient déjà dans la fonction publique. Être un « faux-externe » peut donc être un atout, mais cela n’est pas un gage de réussite, ni une garantie face aux exigences du jury.
- Le niveau des épreuves : Se présenter à un concours de la fonction publique (ou un examen professionnel) relève d’une démarche réfléchie.
Même si les concours internes comportent moins d’épreuves que les externes ; ou encore, que les concours de catégorie B sont réputés pour être plus « faciles » - notamment de part le niveau ou la nature des épreuves- que les concours de catégorie A, un concours d’adjoint du patrimoine territorial (catégorie C) accessible avec un BEP peut être beaucoup plus sélectif qu'un concours d'ingénieur (catégorie A) à Bac+5 au minimum ! Comme nous l’avons vu plus haut, les concours comprennent plusieurs épreuves d’admission, puis d’admissibilité, écrites et orales. Des épreuves professionnalisées qui demandent d’acquérir une méthodologie spécifique et… de réaliser une préparation sérieuse. Rares sont les lauréats qui ont réussi sans entraînement consciencieux.
4. Lauréat de concours de l’État, un sésame plus simple à décrocher ?
Fonction publique d’État, hospitalière, territoriale, ville de Paris ? Choisir son concours en fonction du versant est aussi à étudier. Si la sélectivité des concours de la Ville de Paris s’accentue, la sélectivité des concours externe de l’ENA (catégorie A) en revanche se dégrade et celle des concours des IRA ne cesse de baisser depuis 2014.
D’une manière générale, le niveau des concours de l’État régresse mais si c’est notamment le cas dans certains corps de catégorie B comme les greffiers où la sélectivité, en 2021, est très faible pour le concours de greffier du premier grade où elle s’établit à 3,1 présents pour 1 admis ; en revanche, elle est beaucoup plus élevée que la moyenne pour les concours de secrétaire administratif puisqu’elle est de 9,7 présents pour un admis, et plus encore pour le concours d’adjoint administratif principal de 2e classe de l’Éducation nationale (14,1).
Les concours de la fonction publique territoriale (hors la Ville de Paris), demeurent les plus « faciles » à décrocher avec un taux de sélectivité à 5 candidats présents pour un admis en catégorie B et 6,5 en catégorie A.
5. Le lieu de concours peut être un atout ? VRAI
Enfin, plus prosaïquement, la sélectivité varie aussi suivant… le lieu où est organisé le concours ! En 2022, l’IRA de Bastia - avec un taux de 7,4 en interne - était par exemple, moins sélectifs que Lyon, Nantes et Metz (celui de Lille n’a pas été communiqué).
6. Vous voulez vous donner les moyens de réussir ? Une préparation est là pour vous accompagner
Pour mettre toutes les chances de votre côté, plusieurs méthodologies : vous préparer seul grâce aux annales et aux manuels de préparation, soit solliciter le soutien d'un organisme de préparation, avec des entraînements à la maison, soit encore, par le biais d’une formation / un stage « présentiel(le) ».
Pour les concours de catégorie A ou B, préparer un concours via un organisme de qualité est plus que raisonnable. C’est la meilleure option pour s’assurer d’un soutien pédagogique renforcé, d’un accompagnement particulier.
Et s’il reste un doute sur quoi que ce soit ? Avant qu’il ne soit trop tard, il ne faut pas hésiter à poser des questions sur les réseaux sociaux, sur les forums des sites Internet dédiés mis à disposition par l’organisme mais aussi à d’autres candidats (ou lauréats éventuellement)… afin de lever toutes incertitudes anxiogènes et contreproductives.
Dernier conseil : Ne vous basez pas uniquement sur toutes ces statistiques pour choisir votre concours. Votre premier critère doit rester… votre projet professionnel.
Bonne chance !
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