Vu de l’extérieur, plus le niveau d’études ou de diplôme requis pour les concours de la fonction publique est élevé, plus les concours sont difficiles, et inversement. Dans les faits, ce paramètre est à prendre en compte…Mais pas uniquement : vous aurez beau être bien préparé, si un concours est très demandé et qu’il y a peu de places, vous aurez de fait, moins de chance d’être sélectionné. Point sur...
1. Concours externe, interne, 3e voie, sur épreuve, sur titre, unique…De quoi parlons-nous ?
Même si depuis 2016, la part des contractuels augmente pour atteindre aujourd’hui 22%, « reste que » 88% des 5,69 millions de personnes travaillant dans un des trois versants de la fonction publique (État, territorial, hospitalier) ont le statut de fonctionnaire. (Source : « Caractéristiques et localisation des postes de la fonction publique en 2022 », DGAFP, aout 2024).
Parmi les agents de la fonction publique, 39% relèvent de la catégorie hiérarchique A (emplois d'encadrement supérieur, direction, conception) dont 1,8% de la catégorie A+, 22 % de la B (emplois d'encadrement intermédiaire, de réglementation et d'application, maîtrise d'ouvrage) et 39 % de la C (emplois d'exécution).
Pour vous présenter à un concours et à ses épreuves, vous devez remplir les conditions générales d’accès à la fonction publique (nationalité, droits civiques, recensement militaire, aptitude physique, diplôme, etc.). Ensuite, les épreuves consistent en des écrits et/ou des oraux, s’il s’agit d’un « concours sur épreuve », ou, s’il s’agit d’un « concours sur titres », d’une sélection sur dossier par un jury qui examine alors vos diplômes et vos travaux.
Il existe trois types de concours.
Les concours externes, ouverts aux candidats possédant un niveau de diplôme déterminé :
- Catégorie A : niveau licence minimum (Bac + 3 ou plus) (ex. attaché territorial, magistrat, directeur d’hôpital, greffier en chef, inspecteur du Trésor public,…). Pour les concours de maître de conférences, de professeur des universités, d’ingénieur d’études ou de recherche, de chargé et de directeur de recherche, un doctorat est exigé.
- Catégorie B : niveau Baccalauréat ou Bac + 2 (ex. secrétaires administratifs, techniciens, rédacteurs territoriaux, contrôleurs des impôts,…). Pour toutes les professions réglementées (filières médico-technique, médico-sociale, sociale) et la plupart des postes de la filière technique (catégorie A - ex. ingénieur territorial et catégorie B), un diplôme spécifique sera nécessaire.
- Catégorie C : niveau inférieur au BAC (BEP, CAP, DNB) ou sans diplôme (ex. adjoint technique ou administratif, agent de constatation des douanes ou des impôts). Pour la plupart des postes de catégorie C des secteurs technique et sécurité, un diplôme général convient.
En 2022, 40 300 postes ont été offerts au recrutement externe de fonctionnaires de l’État, quasi exclusivement (à 97 %) sur concours sur épreuves (à 88%) ou concours sur titres. Le ministère de l’Éducation nationale est le premier recruteur de la fonction publique de l’État : près de six postes proposés sur dix concernent ce ministère.
Les concours internes sont ouverts aux fonctionnaires et aux agents publics justifiant d'une certaine durée de service dans la fonction publique. La plupart des concours internes sont accessibles sans conditions de diplôme, ni d'âge, mais il existe des concours pour lesquels un diplôme est nécessaire pour s'inscrire (concours internes de l'enseignement). En 2021, dans la fonction publique de l’État (FPE), 13 000 postes ont été offerts aux recrutements internes et réservés ; dans la fonction publique territoriale (hors Ville de Paris), 9 300 postes ont été offerts aux concours internes et 7500 personnes ont été admises. En 2022, dans la fonction publique hospitalière, au sein de l’AP-HP, 246 postes ont été offerts aux recrutements internes.
Pour certains cadres d'emplois (ex. administrateur, attaché de conservation du patrimoine, animateur, éducateur des activités physiques et sportives,…) un troisième concours existe depuis 1990. Ouvert aux personnes ayant exercé une ou plusieurs activités professionnelles, un ou plusieurs mandats de membre élu d’une assemblée d’une collectivité territoriale, ou des responsabilités associatives sans avoir eu, lors de l’exercice de ces activités, la qualité d’agent public, hormis s’il s’agissait de certaines activités syndicales. Le premier concours de ce type a été conçu afin de diversifier les profils d’entrée à l’INSP (institut national du service public qui a remplacé l’École nationale d’administration / ENA).
Enfin, il existe aussi le concours unique. Hormis quelques exceptions comme le concours d’infirmier de l’Éducation nationale, les concours uniques sont pour la plupart des concours sur titre, souvent de niveau doctorat. Certains sont très sélectifs, comme celui de chargé de recherches du CNRS (20,4 présents pour un admis en 2022).
Ces notions en tête, les questions fusent : « Ai-je plus de chances de réussir, si je passe le concours externe où les places sont plus nombreuses mais où je vais me heurter à un bataillon de jeunes étudiants et de « faux-externes » (ces candidats qui travaillent déjà dans la fonction publique - Ndlr) ? Dois-je tenter le 3e concours où la concurrence semble plus faible mais où les places sont plus limitées ? Ou alors passer les deux concours à la fois ? ».
2. Pourquoi est-il important de bien connaître le « taux de sélectivité » du concours visé ?
Un concours est dit sélectif lorsqu'il attire un grand nombre de candidats et que les lauréats sont très peu nombreux. Par exemple, une sélectivité égale à 20 signifie que, pour tel concours, 1 seul a été admis (lauréat) sur 20 candidats présents. Pour connaître le taux de sélectivité, plusieurs éléments entrent en compte.
Un des facteurs, et l'un des principaux éléments, est le nombre de postes ouverts. Consultez le Rapport annuel sur l’état de la fonction publique (la dernière édition date de décembre 2023). Vous pourrez ainsi connaitre le nombre de postes ouverts mais également, le nombre d'admis, de recrutés… de ce type de concours.
Autre facteur : le niveau des épreuves. Même si les concours de catégorie B sont réputés pour être plus « faciles » - notamment de part le niveau ou la nature des épreuves- que les concours de catégorie A, un concours d’adjoint du patrimoine territorial (catégorie C) accessible avec un diplôme de niveau V (ex BEP) peut être beaucoup plus sélectif qu'un concours d'ingénieur (catégorie A) à Bac+5 au minimum ! Comme nous l’avons vu plus haut, les concours comprennent plusieurs épreuves d’admission, puis d’admissibilité, écrites et orales. Des épreuves professionnalisées qui demandent d’acquérir une méthodologie spécifique et…de la préparation. Rares sont les lauréats qui ont réussi sans entrainement sérieux.
Mais surtout, un concours va être sélectif en raison du niveau des candidats, largement supérieur à celui requis.
Sécurité de l’emploi, volonté de rentrer « à tout prix » dans la fonction publique, les plus diplômés peuvent choisir de candidater sur des emplois moins qualifiés que ceux auxquels ils pourraient prétendre habituellement pour améliorer leur chance de réussite. Et tant pis s'il débouche sur un métier qui passionne peu, l’espérance de progression en interne à moyen terme est là. Un cas de figure qui s’observe tout particulièrement pour les concours de catégorie B (43 % des candidats ont au moins Bac+3) et de catégorie C (où 45 % des recrutés aux concours de cette dernière catégorie sont surdiplômés).
Dans les faits, la sélectivité est plus faible pour les concours de catégorie A que pour ceux de B ou de C.
En 2022, la sélectivité (versant FPE) est de 4,4 présents pour un admis en catégorie A, de 6,7 pour les B et de 7,3 pour les C. Globalement, la sélectivité des concours de catégorie A baisse de 0,5 en 2022, et celle des concours de catégorie C de 1,9…Principalement du fait de la raréfaction des candidats aux concours des douanes et de gardien de prison.
3. Lauréat de concours de l’État, un sésame plus aisé à décrocher ?
Fonction publique d’État, hospitalière, territoriale, Ville de Paris ? Choisir son concours en fonction du versant est aussi à étudier.
D’une manière générale, si la sélectivité des recrutements internes dans la FPE s’établit à 7 candidats présents pour 1 admis, le niveau des concours de l’État - avec 6 candidats présents pour un admis (au lieu de 16 en 1996) – régresse. La sélectivité des concours varie selon la voie d’accès : 4,9 pour les concours externes, 4,0 pour le troisième concours et 8,9 pour les concours uniques. Raison principale : le nombre de postes ouverts augmente davantage que le nombre de candidats présents.
Au concours externe de professeurs des écoles, les inscriptions accusent une chute alarmante. En 2023, sur 42724 inscrits (contre 74191 en 2019), seuls 17801 ont passé les épreuves écrites. Une baisse similaire est constatée pour le Capes avec 11 269 présents en 2023 contre 18 107 en 2019. Cette baisse des candidats aux concours de recrutement des enseignants pourrait s’expliquer par l’augmentation du niveau d’études requis pour concourir, à la suite de la réforme mise en place en 2022.
La sélectivité diffère sensiblement d’un concours de la FPE à un autre. Pour les concours de catégorie A, la sélectivité des concours de professeur des écoles, de professeur certifié et de professeur de lycée professionnel se situe entre 2,4 et 3,0 présents pour un admis, soit un niveau nettement inférieur à la sélectivité moyenne, alors qu’elle est par exemple très élevée chez les ingénieurs d’études du ministère de l’Enseignement supérieur (19,7 présents pour un admis). Pour les concours de catégorie B, la sélectivité du concours de greffier du deuxième grade des services judiciaires reste basse et s’établit à 2,8 présents pour un admis, celle du concours de gardien de la paix est également faible (3,7). En revanche, elle est beaucoup plus élevée que la moyenne pour le concours de secrétaire administratif, puisqu’elle est de 9,7 présents pour un admis.
Parmi les concours de catégorie C, on peut citer le concours d’adjoint administratif de l’Éducation nationale, avec une sélectivité de 12,5 ou encore 4,3 pour le personnel de surveillance de l’administration pénitentiaire (source : « Les recrutements externes de fonctionnaires de l’État en 2022 », DGFP, mai 2024).
Reste que la baisse de sélectivité touche la plupart des concours des trois versants de la fonction publique.
Dans la Territoriale, en 2022, près d’un candidat sur deux admis à concourir ne s’est pas présenté à l’écrit. Et la sélectivité des concours (5,8 candidats pour un lauréat, hors concours de la ville de Paris) a baissé depuis la première moitié de la décennie. En 2019, 49600 candidats se sont présentés aux concours organisés par les centres de gestion (CDG), la Ville de Paris et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), pour 10200 places offertes (seuls 9 420 candidats ont été admis). A titre d’exemple, au concours de technicien principal de 2e classe (filière technique – catégorie B) : 562 postes étaient ouverts, 1237 candidats étaient inscrits et seuls 809 d’entre eux se sont présentés aux épreuves écrites. Et pour le concours d’adjoint technique principal de 2e classe (filière technique - catégorie C) sur 686 postes ouverts seuls 283 candidats ont concouru.
4. Le lieu de concours peut-il aussi être un atout ?
Enfin, plus prosaïquement, la sélectivité varie aussi suivant…le lieu où est organisé le concours ! Ainsi, en 2023, les IRA de Metz et Nantes - avec un taux de 9 et 9,3 en externe - étaient moins sélectifs que Bastia, Lille ou Lyon (source : fonctionpublique.gouv.fr).
L’examen du taux de sélectivité fait, vous pouvez définir une stratégie de réussite au concours. Attention, toutefois, ce taux n’est qu’une une tendance. Et surtout, pour choisir votre concours, ne vous basez pas uniquement sur toutes ces statistiques. Votre premier critère doit rester… votre projet professionnel !